Réactions en chaine dans les pays voisins. Le mouvement Tawassoul et le groupe parlementaire d'Amitié Maroc-Mauritanie ont appelé Ahmed Raissouni à «présenter ses excuses». En Algérie plusieurs partis ont pointé des propos «irresponsables», incitant à la «Fitnah». Ils ont appelé les oulémas algériens membre de l'UIOM à prendre position. Les propos, tenus récemment par le président de l'Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), le Marocain Ahmed Raissouni, sur l'Algérie, Tindouf et la Mauritanie ont créé une vague de réactions. Dans une interview, il a qualifié l'existence de la république islamique de la Mauritanie d'«erreur». Il a également assuré que les «oulémas et les prédicateurs marocains sont prêts à marcher sur Tindouf en Algérie, à condition que le roi fasse appel à eux». Ces déclarations, prononcées il y a plusieurs jours mais qui ont refait surface lundi, ont fait réagir plusieurs partis politiques en Algérie, mais également en Mauritanie, à commencer par le groupe parlementaire d'amitié Maroc-Mauritanie. Dans un communiqué, la présidente du groupe, Zeinab Bint El Taqi a dénoncé, lundi, des propos «qui vont trop loin dans l'insulte contre» son pays et «sortent du cadre du respect et de la consolidation des relations entre les deux pays, tant sur le plan populaire qu'officiel». Une «insulte inappropriée et inacceptable» à la Mauritanie et à son peuple «Son discours provocateur a poussé à la calomnie et à la répudiation de la volonté des deux pays déterminés à étendre les ponts de coopération et les voiles de l'amour et de la paix dans la région», ajoute-t-elle, en condamnant «cette grave insulte aux relations des deux pays». Zeinab Bint El Taqi a appelé Ahmed Raissouni à «présenter ses excuses aux deux peuples frères pour les avoir offensés ensemble, portant préjudice aux efforts officiels et populaires dans les relations fraternelles» entre Rabat et Noukchott. Pour sa part, le Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tawassoul) a dénoncé les récentes déclarations du président de l'UIOM, en lui demandant de «les retirer immédiatement et de s'en excuser expressément». Dans un communiqué, la formation politique a renouvelé son appel aux «différentes forces politiques marocaines à s'abstenir de répéter des déclarations provocatrices à tous les Mauritaniens» qui «remettent en cause» l'«existence» et l'«indépendance» de la Mauritanie. Pour le parti, les déclarations d'Ahmed Raissouni contiennent des «expressions inappropriées, des jugements absolus et des informations sans fondement, et une insulte inacceptable visant la République islamique de Mauritanie et à son peuple». Un «haineux et ignorant qui nie les valeurs de l'islam» Mais c'est en Algérie où les propos du président de l'UIOM ont provoqué les réactions les plus virulentes. Ainsi, le Front de libération nationale (FLN) a pointé des «déclarations dangereuses» et «irresponsables». Il a ajouté que ces propos ne peuvent émaner que d'un «haineux et ignorant qui nie les valeurs de l'islam, transgresse les aspirations de la nation et exploite sa position en appelant à la Fitnah, aux combats entre musulmans et à l'inimitié contre la souveraineté des pays et la dignité de leurs peuples». Ne ratant pas l'occasion de citer Israël et la normalisation, le parti au pouvoir en Algérie a estimé qu'il «aurait été plus approprié pour Raissouni d'appeler à des rassemblements de masse dans diverses villes du Maroc contre la normalisation avec l'entité sioniste, qui occupe Jérusalem et profane Al-Aqsa» et contre «le régime du Makhzen qui a vendu la Palestine» et «lancer l'appel au djihad pour libérer Ceuta et Melilla occupés». Et d'appeler les oulémas algériens membres de l'UIOM à «prendre la position qui s'impose quant à la gravité de ces déclarations». De son côté, le président du mouvement El Binaa, Abdelkader Bengrina a affirmé, dans un communiqué, que les déclarations de Raissouni sont «une insulte à la souveraineté des pays et à la dignité de leur peuple». «Les déclarations de Raissouni ont choqué les sentiments des Algériens, et de nombreux peuples de la région du Maghreb», a-t-il ajouté, pointant le «discours arrogant» et le «style irresponsable» du président de l'UIOM. «L'atteinte répétée des symboles marocains à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Algérie est récurrente», a-t-il dénoncé. «Raissouni porte la responsabilité des conséquences de sa déclaration» Le Mouvement de la société pour la paix, plus grand parti islamiste en Algérie, a également réagi aux propos d'Ahmed Raissouni. Dans un communiqué signé par son président Abderrezak Makri, la formation politique a exprimé son «étonnement», en dénonçant une «chute dangereuse et retentissante de l'un des oulémas musulmans, censé recourir aux équilibres juridiques et aux valeurs islamiques et non pas appeler à la Fitnah et aux combats entre musulmans». Pour le MSP, «Raissouni porte la responsabilité des conséquences de sa déclaration, dans des circonstances internationales et régionales tendues, attisant les flammes de la Fitnah». Evoquant lui aussi Israël, le MSP a estimé que le président de l'UIOM «devait être le premier à appeler à des rassemblements de masse dans différentes villes du Maroc contre la normalisation avec l'entité sioniste et à rompre l'alliance stratégique entre son pays et cette entité occupant la Palestine, d'autant plus que son parti (le PJD, ndlr) et son secrétaire général, en était le signataire officiel». Le mouvement a également appelé «les oulémas de la nation à désavouer cette position dangereuse, qui provoquera des conflits entre les pays et les peuples». «Nous appelons le peuple marocain frère à rejeter ces pratiques de Fitnah et de coopérer pour l'unité du Maghreb arabe et son brillant avenir entre les mains de ses fils», conclut le MSP.