Une vague d'indignations et de dénonciations est née sur les réseaux sociaux au lendemain des propos d'Ahmed Raissouni sur les libertés individuelles et les «femmes sans morale». Pour les détracteurs du président de l'UIOM, son discours serait «irresponsable et téméraire» et sa manière «impudente et effrontée». Le réquisitoire d'Ahmed Raissouni contre celles qui soutiennent les libertés individuelles, qu'il a qualifiées de «femmes sans morale», ne passe pas. Depuis ce weekend, les déclarations publiées par le président de l'Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) suscitent beaucoup de réactions, notamment sur les réseaux sociaux. Dimanche soir, sa nièce Hajar Raissouni, condamnée à un an de prison pour «débauche et avortement illégal» mais graciée par le roi, n'est pas restée indifférente. «J'ai été surprise de voir que certaines personnalités indépendantes associent mon nom à celui de M. Ahmed Raissouni, tout en critiquant les positions qu'il a exprimées sur la question des libertés individuelles (…), que je ne partage pas avec lui», assure-t-elle. «Le Dr. Ahmed Raissouni est une figure fondamentaliste et ses positions sur la question des libertés ne s'éloigneront pas du cadre théorique et idéologique dont il s'imprègne, que je sois en prison ou à l'extérieur», ajoute la journaliste d'Akhbar Alyaoum, en affirmant que son oncle «ne deviendra pas un libéral». «Je saisis cette occasion pour remercier toute personne ayant exprimé sa solidarité lors de mon arrestation arbitraire et j'exprime ma solidarité avec toute femme ayant été soumise à une violence symbolique, qu'elle ait été émise par Ahmed Raissouni ou par quelqu'un d'autre», conclut-elle. Un discours «irresponsable et téméraire» De son côté, le politologue et professeur de droit constitutionnel Omar Charkaoui a affirmé ne pas «trouver de réponse éloquente aux propos d'Ahmed Raissouni, si ce n'est de les décrire comme un discours irresponsable et téméraire». «Avant de diffamer certaines femmes, Raissouni porte atteinte à son histoire, tout en permettant à certains de le critiquer avec beaucoup de confort», ajoute-t-il. Le militant politique de gauche Khalid El Bekkari a, lui, affirmé qu'Ahmed Raissouni «a voulu discuté d'un concept des droits de l'homme qu'il n'assimile pas complètement». «J'ai été choqué que ce monsieur parle de sexe dans l'espace public, de prostitution et d'infidélité conjugale dans sa définition des libertés individuelles, sans savoir que personne de ceux qui défendent les libertés individuelles n'appelle à ces choses», ajoute-t-il. Et de dénoncer le fait que Raissouni «a attendu que sa nièce soit sortie de prison pour exprimer sa haine envers une femme ayant exprimé sa solidarité à sa manière. C'est honteux», dénonce-t-il. De son côté, l'activiste et professeure de philosophie Mina Bouchkioua a affirmé ne pas être d'accord avec Ahmed Raissouni, affirmant ne pas respecter ses points de vue, tout comme ceux des «marchands de la religion». «Mais je respecte la famille de Raissouni, avec tous les journalistes, défenseurs des droits de l'Homme et politiques, des hommes et des femmes et même ceux avec qui je suis en désaccord», déclare-t-elle. Une manière «impudente et effrontée» Mohammed Abdelouahab Rafiqui, alias Abou Hafs, membre du Collectif 490, a préféré dénoncer les propos d'Ahmed Raissouni, à sa façon. Il a partagé, sur sa page Facebook, un passage de l'article publié par le président de l'UIOM, avec le commentaire : «Il n'y a de puissance ni de force en dehors d'Allah». Enfin, les propos d'Ahmed Raissouni ont également fait réagir des journalistes, à l'instar de Ridouane Erramdani. «Dites-lui que lorsqu'il parle des femmes d'une manière aussi impudente et effrontée, il ne les offense pas mais s'il s'offense lui-même», a-t-il écrit, dénonçant le recours du président de l'UIOM à la démarche des «rappeurs» pour critiquer des femmes, tout en violant plusieurs principes de la religion musulmane. Dans un article publié sur son site samedi, Ahmed Raissouni a affirmé avoir vu récemment des femmes «dépravées et sans morale porter des banderoles dans lesquelles elles déclarent avoir pratiqué le sexe et l'avortement ''haram''». «Néanmoins leur mauvaise situation indique qu'elles n'auront jamais accès au sexe ni ''halal'' ni ''haram'' (…) Elles ne peuvent distinguer les chemins menant au "sexe sacré"», a-t-il ajouté. Le président de l'UIOM a également dressé un réquisitoire contre le «sexe profane», tout en qualifiant de «destructrices» les demandes de dépénalisation des relations sexuelles consenties entre adultes hors du cadre du mariage et de l'avortement.