A quelques mois de la tenue du prochain congrès du Polisario, Bachir Mustapha Sayed veut se présenter comme le principal adversaire de Brahim Ghali pour prendre la tête du Front. Il vient de pointer du doigt la responsabilité de Ghali dans l'échec de la «guerre» contre le Maroc. Dans un enregistrement sonore, Mustapha Bachir Sayed condamne ouvertement la reprise des armes, lancée le 13 novembre 2020, par Brahim Ghali contre le Maroc. «Il a complètement échoué à faire du soulèvement populaire (lors du blocage durant des semaines du passage d'El Guerguerate, ndlr) une dynamique» a-t-il déploré devant un groupe de fidèles. Tout en reconnaissant que la majorité des hauts cadres du Polisario a appuyé la reprise des armes contre le Maroc, il constate que Brahim Ghali «n'a pas assumé sa responsabilité» dans le conduite de la «guerre» contre les Forces armées royales. «S'il avait su gérer ce dossier, sa notoriété aurait dépassé celles de Mustapha El Ouali et Mohamed Abdelaziz», constate Bachir Mustapha Sayed. L'ancien responsable de la diplomatie du mouvement séparatiste a rappelé que «depuis le congrès de 1991, le déclenchement ou la fin des guerres sont du ressort exclusif du président et non du secrétariat général». Une instance qu'il a, d'ailleurs, qualifiée de «défunte». Un terme qui sert son réquisitoire dressé contre Brahim Ghali. Sayed a déjà pointé les «seflies» de Ghali dans les régions militaires La nouvelle sortie de Bachir Mustapha Sayed intervient dans le sillage de la publication, jeudi 11 août, du communiqué du secrétariat général sur l'engagement du Polisario à «coopérer afin de mettre en œuvre la résolution du sommet de l'Union africaine pour faire taire les armes» sur le continent, organisé en décembre 2020 en Afrique du sud. Par cet enregistrement sonore, Bachir Sayed entend s'auto-blanchir de toute responsabilité dans l'échec de la guerre contre le Maroc alors qu'il a officiellement le titre «de ministre conseiller à la présidence». Il marche ainsi sur les traces de Mohamed Ibrahim Biadillah, un autre membre fondateur du mouvement ayant dirigé les renseignements et l'armée qui a mis en garde dans un article, publié en juin, contre l'expansion des Forces armées royales dans les «territoires libérés». Pour rappel, en mai dernier, Bachir Mustapha Sayed a déjà critiqué les «tournées» effectuées par Brahim Ghali dans les «régions militaires», les réduisant à de «simples selfies destinés à tromper l'opinion publique. Des selfies qui ne permettent pas au Polisario de concurrencer l'armée de l'ennemie dans la domination des sites et de la terre», a-il déploré dans un article. Ces sorties, sous forme de textes ou d'enregistrements sonores, interviennent alors que le Polisario se prépare à tenir son prochain congrès. Bachir Sayed tente de mobiliser les Sahraouis des camps de Tindouf derrière lui. Un atout important dans sa quête, depuis deux décennies, pour regagner la confiance du pouvoir algérien. En 2002, les Algériens n'avaient pas apprécié qu'il ait eu l'audace de négocier avec les Etats-Unis l'avenir du Sahara occidental, sans leur autorisation. Sayed avait alors offert aux Américains la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique» en échange de l'installation d'une base militaire sur le territoire, une fois le conflit résolu en faveur du Polisario.