Le site d'information financière américain Business Insider a publié, lundi, une enquête revenant sur le métier de modérateur de contenu pour TikTok au Maroc. Le média relaye ainsi le témoignage de dix modérateurs de contenu actuels et anciens ayant travaillé pour Majorel, filiale du groupe Saham, appartenant à l'ancien ministre marocain de l'industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy. Une ancienne employée raconte comment une vidéo d'un jeune homme lançant un chat en l'air avant de l'empaler sur une épée l'a traumatisé. Deux ans plus tard, la vidéo est toujours gravée dans son esprit. Elle a travaillé pour la division Moyen-Orient et Afrique du Nord en pleine croissance de TikTok par l'intermédiaire de Majorel et était chargée d'examiner des contenus les plus horribles de la plateforme, y compris les suicides et le matériel pédopornographique, poursuit le média. C'est en septembre 2020 qu'elle s'est vu proposer un poste chez Majorel qu'elle accepte, malgré le maigre salaire de 2 dollars l'heure. Les neuf autres modérateurs ont décrit des expériences de détresse psychologique grave en raison de leur travail. Ils ont tous dit que Majorel et TikTok avaient pris quelques mesures pour atténuer les effets de leur travail, tout en imposant un environnement de travail de surveillance quasi constante et des objectifs métriques presque impossibles. Un ancien conseiller de Majorel a estimé que 1 400 modérateurs de contenu travaillent uniquement sur le contrat TikTok de l'entreprise à travers le Maroc. L'un des modérateurs a déclaré avoir formé plus de 700 nouveaux depuis 2020. Les employés ont également décrit des conditions de travail difficiles et des objectifs inatteignables, où ils n'étaient pas considérés comme des humains, mais plutôt comme des robots. Un porte-parole de TikTok a toutefois assuré à Insider que la société s'associe à ses partenaires sous-traitants pour promouvoir un environnement bienveillant pour ses employés et sous-traitants.