Au lendemain de l'annonce d'une nouvelle intrusion de Pegasus en Espagne, des voix au sein des renseignements pointent du doigt la responsabilité du Maroc dans les attaques des téléphones de Pedro Sanchez et de la ministre de la Défense. Une version que le gouvernement ne partage pas, pour le moment. Le gouvernement espagnol a indiqué, le 2 mai, que les téléphones de Pedro Sanchez et de la ministre de la Défense, Margarita Robles, mis à leurs dispositions par l'Etat, étaient infectés par le logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group. Au lendemain de cette annonce, des médias locaux sont allés vite en besogne, pointant une éventuelle responsabilité du Maroc dans cette affaire. Des accusations que la porte-parole de l'exécutif ibérique, Isabel Rodríguez a rejetées mardi, lors d'un point de presse. Certains journalistes ont même suggéré au gouvernement de réviser son appui au plan d'autonomie au Sahara occidental, si les investigations prouvent que le royaume serait derrière cette opération d'espionnage. «N'anticipons pas les conséquences possibles de ce qui pourrait arriver si nous découvrons qui est derrière cela, si jamais nous le découvrons», a-t-elle expliqué. Le gouvernement privilégie, pour l'heure, la piste d'une «faille dans la sécurité» qui aurait permis à des hackers d'espionner les téléphones de Pedro Sanchez et de la ministre de la Défense. Une piste qui renvoie la balle dans le camp des services de renseignements, chargés de protéger les communications des ministres de toute cyberattaque. Les renseignements alimentent la piste marocaine Toutefois, le Centre national d'intelligence (CNI) ne partage pas cette version. «Tous les protocoles ont été respectés», répliquent sous couvert d'anonymat des sources au centre, dans des déclarations à la presse. Pour appuyer leurs dires, les mêmes sources rappellent qu'un rapport «très sérieux», publié l'été dernier, a fait état de «l'usage massif» par le Maroc du logiciel espion Pagasus. Une allusion aux conclusions de l'enquête d'Amnesty International et Forbidden Stories. Sur la même longueur d'onde, OK Diario avance que le CNI avait découvert en mai 2021 «un réseau d'espions marocains déployés dans la région de La Rioja», où le chef du Polisario était hospitalisé. Le ministre de la Présidence, Félix Bolaños García a précisé, lundi, que le téléphone de Sanchez a été victime d'attaque, en mai 2021. Une période marquée par la grave crise avec le Maroc, suite à l'accueil de Brahim Ghali. Pour l'heure, la piste marocaine n'a pas encore reçu l'adhésion de certains leaders politiques. Le chef de Vox en fait partie. Santiago Abascal a évité de faire des «élucubrations». «C'est une hypothèse de plus au cas où cet espionnage aurait réellement existé», a-t-il déclaré à cet égard. De son côté, le Parti Populaire se montre prudent. «Nous avons été négativement surpris d'apprendre aujourd'hui qu'en 2021, le téléphone du président et de la ministre de la Défense avaient été espionné», a souligné Ablerto Feijóo. Le nouveau chef du PP a noté que les annonces de l'exécutif interviennent en plein débat avec les indépendantistes catalans, qui accusent le CNI d'avoir espionné une cinquantaine de personnalités politiques catalans par le même logiciel Pegasus.