La pilule a toujours du mal à passer pour l'entraineur de l'équipe marocaine de beach soccer après s'être vu refusé des visas pour un tournoi au Canada. Il souhaite que le Maroc porte plainte auprès de la FIFA. Pour les spécialistes sportifs, le gouvernement du Canada n'est pas le seul en cause. Fédérations sportives marocaines et joueurs ont aussi leur part de responsabilité. L'entraîneur de l'équipe de beach soccer travaille sa riposte. D'après le site Marocfootball.com, hier, mercredi 22 août, le Maroc n'exclut pas l'idée de porter plainte auprès de la FIFA, a indiqué Mostafa El Haddaoui, entraîneur de l'équipe nationale de beach soccer. Mi-août, le gouvernement canadien a refusé de délivrer des visas à certains de ses joueurs pour participer à un tournoi de foot sur sable à Montréal du 17 août à 19 août, craignant qu'ils ne restent au Canada. Lino Bacco, journaliste et commentateur sportif chez Radio Mars, contacté ce matin par Yabiladi, partage l'indignation de Mostafa El Haddaoui. «Qui sont-elles [les autorités canadiennes, ndlr] pour avoir de tels a priori ? Comment peuvent-elles prévoir que tel ou tel athlète va devenir harraga ? C'est malheureux de voir ça ! Pour moi, le sport ne doit pas avoir de frontière», lâche Lino Bacco. La faute aux fédérations Néanmoins, Lino Bacco estime que la faute revient également aux fédérations sportives marocaines qui ne font pas de travail de marketing et de communication au préalable pour rassurer les autorités des pays qui organisent des évènements sportifs. «Les fédérations marocaines ne sont pas assez crédibles et ne savent pas se vendre. Il faut faire du lobbying. Quand on sait que tel athlète va participer à une compétition internationale et qu'il a besoin d'un visa, il ne faut pas hésiter à aller se présenter à l'ambassade du pays organisateur et les premières barrières finiront par tomber. Mais si on demande un visa juste avant une compétition sans être connu, faut pas aller se plaindre qu'on ne nous délivre pas de visa», ajoute-t-il, exhortant le ministère des Affaires Etrangères à s'exprimer sur cette affaire. Moncef Yazghi, chercheur spécialiste de la gouvernance du sport, n'accable pas non plus totalement le Canada. Pour lui, une part de la responsabilité de cet échec revient aux joueurs marocains, eux mêmes. «Le Canada prend ses précautions. Ce ne sont pas des mesures racistes ou discriminatoires mais des mesures tout à fait normales car malheureusement plusieurs athlètes marocains et africains sont devenus des harraguas les années passées après avoir pris part à des compétitions internationales», souligne-t-il. 8 footballeurs ont filé à l'anglaise Moncef Yazghi rappelle notamment le cas des huit joueurs de football du club la Renaissance Sportive de Settat qui s'étaient évaporés dans la nature en 2000 après avoir participé à un tournoi international à Montréal. Ces athlètes sont passés de la case joueurs professionnels à harragas. 5 ans plus tard, l'hebdomadaire Tel Quel avait rencontré ces huits joueurs. Chacun avait tourné la page marocaine, ils étaient devenus des citoyens canadiens et avaient une famille et une situation professionnelle. Ironie, l'un d'eux a même intégré une équipe de football de Montréal. A ce jour, aucun membre du gouvernement Benkirane n'a pris position ou condamné le refus des autorités canadiennes de délivrer des visas à l'équipe de beach soccer.