Le Maroc a enregistré un retard de pluies pendant la saison hivernale, une situation imputée à «l'installation d'une crête planétaire au-dessus de l'Afrique du Nord et de l'Europe du Sud-Ouest», empêchant la condensation de se réaliser, a indiqué Mohamed-Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l'Université Hassan II de Casablanca. La situation météorologique actuelle est un «peu différente» de ce que le Maroc a vécu au cours de la période 2006-2018, durant laquelle une «circulation atmosphérique méridienne» s'était installée au niveau de l'hémisphère nord, ce qui a permis à l'Afrique du Nord de bénéficier d'une bonne partie des précipitations, a expliqué M. Karrouk à la MAP. Ces précipitations n'ont pas duré en raison notamment de «l'installation d'une crête (anticyclone, stabilité, sécheresse) au-dessus de l'Afrique du Nord et de l'Europe du Sud-Ouest, ce qui a empêché la condensation en raison des flux descendants», a-t-il clarifié. La région où se trouve le Royaume est caractérisée par une sécheresse structurelle, dont la nature atmosphérique est influencée par la présence des anticyclones, d'où les périodes de sécheresse récurrentes. «La sécheresse est là depuis longtemps, c'est à nous de nous adapter et de gérer le besoin selon la situation naturelle existante», a fait remarquer le climatologue. Le Maroc a construit de grands barrages dont la capacité totale est de 16,1 milliards de mètres cubes, et partant, le problème qui se pose à l'heure actuelle n'est pas lié au stockage de l'eau, mais plutôt à sa gestion et à la manière de son utilisation, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, il a appelé les Marocains à être très vigilants, plaidant pour une stratégie sur l'utilisation de l'eau qui aura pour objectif de minimiser les pertes pendant les périodes de sécheresse. Selon la Direction générale de la météorologie, le cumul moyen des précipitations enregistrées au niveau national du premier septembre 2021 au 31 janvier 2022 est de 38,8 millimètres, contre une normale climatologique de 106,8 mm calculée sur la même période entre 1981 et 2010, soit un déficit de 64%.