Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
La phase humide exceptionnelle vécue en 2008-09 serait à “oublier” Lorsqu'El Niño s'en mêle, la pluviométrie trinque
Les climatologues prédisent une année “plutôt sèche”
On est déjà en novembre et les pluies automnales, en dehors d'ondées éparses, se font toujours attendre après les fortes précipitations localisées du mois de septembre. On est ainsi loin de la situation pluviométrique qui a prévalu à pareille époque l'année dernière, qui a permis le remplissage des barrages et une récolte exceptionnelle. La saison agricole peut-elle être compromise? Avec la sécheresse et les températures maximales (du jour) actuelles, des appréhensions sont avancées ça et là mais bien des saisons qui ont ainsi débuté se sont terminées dans de bonnes conditions. Pour la prévision à la Météorologie Nationale où on se tient à des tendances tenant au plus sur une semaine, on annonce que le temps restera sec à l'exception de quelques orages sur les régions montagneuses. Il n'est attendu des nuages bas qui couvrent les côtes atlantiques entre Tanger et Casablanca de donner que moins d'un millimètre. Pour que les bonnes pluies arrivent au Maroc, il faudrait que l'anticyclone des Açores s'affaiblisse pour laisser le passage aux perturbations atmosphériques en provenance du Nord-Ouest ou alors que des remontées tropicales soient dirigées sur notre pays. Ce qui n'est pas actuellement le cas à la prévision météorologique ni pour la première ni pour la seconde éventualité. Une situation qui peut changer d'ici la semaine à venir. Toujours est-il, indique-t-on, la situation pluviométrique actuelle n'est pas aussi alarmante qu'on peut se l'imaginer. Les précipitations précoces recueillies en septembre ont permis aux agriculteurs de préparer les sols et d'entamer les opérations de semence dans l'attente des pluies salvatrices. Mais la prévision de la météorologie, surtout lorsqu'il faut la confirmer, ne tient que sur le cours terme. La climatologie s'avance par contre dans une prévision à longue échéance et elle annonce, partant des changements climatiques et des observations notées dans les océans, une année sèche. D'après une étude publiée déjà en aout 2009, le Dr Mohammed-Saïd Karrouk, du Centre de Recherche de Climatologie (Université Hassan II, Casablanca), a annoncé que la phase humide exceptionnelle vécue en 2008-09 est à oublier et qu'il faut se préparer à une nouvelle phase de sécheresse. La «Méthode Energétique», développée dans cette université a permis depuis l'an 2000 de prédire les précipitations saisonnières au Maroc et dans l'espace euro-méditerranéen occidental, en vu d'une meilleure gestion afin d'épargner le pays les conséquences néfastes du manque ou de l'excès de l'eau, et ce grâce au savoir-faire et aux techniques disponibles. Les études réalisées dans ce domaine permettent de prédire les précipitations au Maroc par la surveillance et le suivi de l'état des océans Pacifique et Atlantique. L'observation spatiale donne aujourd'hui ces renseignements océanographiques avec une précision jamais réalisée auparavant, explique-t-il. Les événements océaniques précèdent l'état hygrométrique (quantité d'humidité) de l'atmosphère marocaine ; ce qui donne la possibilité aux décideurs politiques et aux acteurs socio-économiques de se préparer à l'avance à une gestion planifiée de l'année hydrologique. L'exemple de l'événement humide 2008-09, rappelle-t-il, a été prévisible dès le mois de septembre-octobre 2007 avec l'apparition des conditions de fraîcheur de «La Niña» au Pacifique et la circulation ondulée aux latitudes ouest-méditerranéennes. Les prédictions faites depuis cette date se sont réalisées exactement selon le scénario présenté en octobre 2007. Pour la phase «El Niño», poursuit-il, déclenchée depuis le mois de juin 2009, et si elle évolue dans les conditions classiques, on prévoyait une nouvelle période sèche qui pourrait être plus affinée au fur et à mesure qu'on s'approche de l'automne et de l'hiver, annonçait en août 2009 le Dr Karrouk. Il convient de rappeler qu'El Niño (le petit garçon en espagnol) étudié en climatologie est un phénomène caractérisé par une anomalie positive de la température de surface de la mer. La phase plus froide qui lui fait suite est nommée La Niña (petite fille). Le cumul de l'expérience marocaine dans la gestion de la rareté de l'eau, note le Dr Karrouk, est bien une réussite. Il va falloir aujourd'hui intégrer la gestion dans l'évènement global que vit et subit la planète. La nouvelle sècheresse au Maroc (et ailleurs), souligne-t-il, sera différente des sècheresses historiques vécues car se caractérisant par ce qu'on appelle les «extrêmes» avec notamment un excès thermique, une nouvelle organisation du cycle de l'eau, des impacts thermohydriques sur les écosystèmes et les sociosystèmes.