Après plus d'une année de «guerre» contre les Forces armées royales, le Polisario accuse le Maroc de violer le cessez-le-feu de 1991. Un tournant dans sa politique va-t-en-guerre. Ce lundi, le porte-parole adjoint de l'ONU a affirmé que le MINURSO n'a observé aucune violation du cessez-le-feu dans sa zone d'opération. Farhan Haq rejetait ainsi les accusations portées, la veille, par l'Algérie contre le Maroc. Ne partageant pas les propos tenus par le fonctionnaire onusien, le représentant du Polisario à New York a rédigé un communiqué pour exprimer son opposition. Son auteur, Sidi Mohamed Amar, a renvoyé la responsabilité de la violation du cessez-le-feu au Maroc et non au mouvement séparatiste. Reprenant le réquisitoire dressé par Amar Belani, le responsable du Polisario a souligné que les Forces armées royales «utilisent toutes sortes d'armes, y compris des drones, pour poursuivre la guerre d'extermination contre le peuple sahraoui». Le dimanche 30 janvier, l'envoyé spécial de l'Algérie pour le Sahara occidental a en effet indiqué que «les autorités marocaines conduisent des actes de guerre à l'Est du Mur des sables et commettent des assassinats extrajudiciaires ciblés, visant des civils, par l'utilisation de systèmes d'armes sophistiqués en dehors de leurs frontières internationalement reconnues». De New-York à Addis-Abeba, la même campagne Cette campagne a traversé l'Atlantique pour accoster en Ethiopie. A l'occasion de l'ouverture, mercredi 2 février, de la 42e session ordinaire du conseil exécutif de l'Union africaine, l'Algérie et le Polisario ont joué la même partition. Côté algérien, Amar Belani donnait le «La» alors que le mouvement de Brahim Ghali a confié à Mohamed Yaslem Beissat, son représentant en Afrique du sud et président de sa délégation à cette réunion, de le suivre. Les deux parties ont appelé à la «protection des Sahraouis» des frappes des Forces armées royales. Les Marocains «utilisent des drones de combat pour assassiner des civils sahraouis, des mauritaniens et des algériens qui traversent la région. Il s'agit là d'un fait très grave devant compliquer sans doute la situation des droits de l'Homme de manière générale», a souligné ce membre du Polisario. De son côté, Amar Belani a déclaré que «la situation des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental est très préoccupante. Elle s'est particulièrement aggravée suite à la rupture brutale du cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, par la puissance occupante marocaine». Quand le Polisario faisait l'éloge de la guerre Cette campagne, conjointement menée par le Polisario et l'Algérie, pointant du doigt la responsabilité du Maroc dans la rupture du cessez-le-feu, détonne. Elle constitue une rupture, alors qu'en octobre dernier, Brahim Ghali déclarait sans ambages que «l'ancien cessez-le-feu est devenu un outil entre les mains de l'occupant marocain pour imposer le fait accompli, ou encore un facteur en faveur du report de la solution équitable». Et d'appeler, en conséquence, ses troupes à intensifier la «guerre» contre les FAR. Pour rappel, le Polisario a officiellement annoncé, le 13 novembre 2020 en réaction à la libération du passage d'El Guerguerate, que «la bataille a commencé et la guerre a éclaté». Depuis, ses responsables se relaient pour marteler le même message. Dans leur obstination belliqueuse, en mars 2021, ils ont apporté un sérieux démenti aux informations diffusées par la télévision publique algérienne sur l'ouverture de négociations avec le Maroc en vue de la signature d'un nouvel accord de cessez-le-feu. «Il n'y a pas de contact ni directs ni indirects» entre le Front et le Maroc à ce sujet, affirmait alors le «ministre des Affaires étrangères» du Polisario dans un communiqué. Force est de constater que la «guerre» que mène le Polisario contre le royaume n'a pas changé les rapports de forces sur le terrain. Le mouvement séparatiste est toujours privé d'accès à El Guerguerate. Pire les «territoires libérés» se vident de leur population civile. En octobre, un média proche du Polisario a révélé le déplacement de 4 749 personnes qui résidaient, avant le 13 novembre 2020, dans ces zones vers les camps de Tindouf. «Ils n'ont pas de maisons et vivent grâce au peu d'aides qu'ils reçoivent des autorités sahraouies et du Programme alimentaire mondial (PAM)» des Nations unies, déplorait la même source.