Le chercheur Jan Koura accuse Mehdi Ben Barka d'être un «agent» des services secrets de la Tchécoslovaquie. Des accusations, datant de novembre 2020, que The Guardian a remonté à la surface. L'affaire de la collaboration présumée de Mehdi Ben Barka avec les services de renseignements de l'ex-Tchécoslovaquie (StB), refait surface. Quatorze ans après les premières «révélations» (juillet 2007), signées par le journaliste et historien tchèque Peter Zidek, les journaux britanniques The Guardian et The Observer, reviennent sur le même sujet, exhumant de «nouvelles données» de l'universitaire Jan Koura, publiées pour la première fois le 6 novembre 2020 dans «Intelligence and National Security», précise Koura sur Twitter. Dans son récit, celui-ci affirme «l'étroite relation» entre le leader d'opposition marocaine et le StB. Après avoir consulté les archives des services secrets tchécoslovaques et des documents confidentiels récemment déclassifiés, il déclare que «cela ne fait aucun doute. Tous les documents la (collaboration, ndlr) confirment». En 2007, Zidek était aussi convaincu des «liens» entre le Marocain et le StB. «L'icône progressiste du tiers-monde a bien été un agent de l'Est», révélait-il dans des confidences au magazine français L'Express. Du réchauffé ? Selon le chercheur Jan Koura, la «relation» aurait commencé en 1960. Les espions de Prague espéraient que le Marocain «fournirait des renseignements précieux, non seulement sur les développements politiques dans le royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser», indiquait-il. Le StB a rapporté que Ben Barka était une source d'informations «extrêmement précieuse» et lui a donné le nom de code «Cheikh», révèlent les archives consultés par Jan Koura. Un surnom qui avait déjà étérévélé par Petr Zideksur l'Express. En échange de sa «coopération», Mehdi Ben Barka «était rémunéré» poursuit Jan Koura. Néanmoins, le leader de la gauche marocaine «n'a jamais admis qu'il collaborait [avec les services de renseignement], et le StB ne l'a jamais répertorié comme un agent, juste comme un «contact confidentiel». «Il était très intelligent. Il n'y a pas de document avec sa signature, il n'y a pas d'échantillons de son écriture. Il a été interrogé oralement pendant des heures... Parfois, il utilisait une machine à écrire mais refusait d'écrire quoi que ce soit à la main», racontait encore Koura. Déjà en 2007, Zidek affirmait que «les documents (du StB) ne sont pas de Ben Barka en personne, mais de ses contacts, soucieux de mettre noir sur blanc tout ce qu'il leur confiait. Si le sous-dossier 43-802-030, concernant le mode de rémunération, a été détruit, le reste des archives montre que le leader de l'opposition marocaine a été rétribué pour ses activités». La «relation» entre le StB n'a pas duré longtemps. Quelques mois avant son assassinat, le 29 octobre 1965 à Paris, les Soviétiques auraient ordonné au StB de mettre un terme à leur collaboration avec le «Cheikh», au motif que le Marocain «était proche des Chinois».