Quatre experts indépendants des Nations unies (ONU) spécialistes des droits de l'Homme ont appelé jeudi le Maroc à revenir sur la décision d'extrader l'activiste ouïghour Idris Hasan en Chine. Les experts rappellent qu'il est menacé de détention arbitraire, de disparition forcée, de torture ou d'autres traitements inhumains et dégradants. «Nous sommes très inquiets de la décision de la Cour de cassation marocaine malgré le risque crédible de graves violations de ses droits humains, tant pour son appartenance à une minorité ethnique et religieuse que pour son affiliation présumée à une organisation terroriste», ont déclaré les experts dans un communiqué. Les autorités accusent l'activiste d'avoir rejoint le groupe «Mouvement islamique du Turkestan oriental» et d'avoir participé à des activités terroristes, mais Amnesty International estime que «la législation chinoise définit le terrorisme et l'extrémisme de manière trop large et vague, et les autorités s'en servent pour réprimer les ouïghours et d'autres minorités ethniques». Lorsqu'il existe des «motifs sérieux» de croire qu'un individu risque d'être torturé dans le pays de destination, arguent les experts de l'ONU, aucun Etat n'a le droit d'expulser, de refouler ou de déplacer de toute autre manière un individu de son territoire et aucun accord bilatéral sur l'extradition ou les assurances diplomatiques ne peut libérer un Etat de ses obligations en vertu du droit international des droits de l'Homme et du droit des réfugiés. «Ce processus d'extradition se déroule sans aucune forme d'examen individuel et d'évaluation des risques, ce qui constitue une violation flagrante de l'interdiction absolue du refoulement en vertu du droit international», ajoute le communiqué qui rappelle qu'Idris Hasan devrait être protégé au Maroc en tant que demandeur d'asile et que son rapatriement ne devrait pas être prononcé avant que son statut de réfugié soit décidé. Le communiqué a été signé par Nils Melzer, rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Fionnuala Ní Aoláin, rapporteure spéciale sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme, Mary Lawler, rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et Fernand de Varennes RP, rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités. Pour rappel, Idris Hasan avait été interpellé à Casablanca en juillet sur les bases d'une notice rouge d'Interpol suspendue par la suite, soupçonnant Pékin de se servir d'Interpol pour faire rapatrier des dissidents en Chine. Les experts de l'ONU sont en discussion avec les autorités marocaines depuis aout afin de «garantir le respect total de l'interdiction absolue du refoulement en vertu du droit international».