Les autorités marocaines ne doivent pas expulser Idris Hasan, un Ouïghour détenu par le Maroc, vers la Chine où il risque d'être torturé, a déclaré ce mardi, Amnesty International, un jour avant son audience pour son extradition prévue ce mercredi 22 septembre. Hasan, 33 ans, père de trois enfants et concepteur informatique, a été arrêté à l'aéroport de Casablanca le 19 juillet dernier, après avoir pris un vol pour le Maroc depuis la Turquie, et a été emmené dans une prison à Tifelt, rappelle-t-elle dans un communiqué. Amnesty International pense qu'il court un risque réel de détention arbitraire et de torture s'il est transféré de force en Chine, dont il est originaire. «Le sort d'Idris Hasan est révélateur des efforts déployés par la Chine pour contrôler la communauté de la diaspora ouïghoure», a déclaré Joanne Mariner, membre du conseil d'administration d'Amnesty International et chargée des réponses aux crises. «La menace d'extrader ou d'expulser les Ouïghours crée une atmosphère de peur qui dissuade les personnes à l'étranger de s'exprimer». «Que le Maroc extrade Idris Hasan en Chine – où les Ouïghours et d'autres minorités ethniques sont confrontés à une horrible campagne d'internement de masse, de persécution et de torture – violerait les obligations du pays en vertu du droit international.» Joanne Mariner Amnesty évoque le principe de non-refoulement qui «garantit que personne ne doit être renvoyé dans un pays où elle serait exposée à un risque réel de torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, et d'autres violations graves des droits humains». «Cela contredirait également totalement les engagements du Maroc en tant que l'un des Etats fondateurs de l'Initiative contre la torture, dont l'aspiration est de 'réduire et prévenir les risques de torture et de mauvais traitements'», ajoute l'ONG. Hasan a été arrêté sur la base d'une notice rouge d'Interpol après son atterrissage à Casablanca. Interpol a depuis annulé la notice rouge sur la base de nouvelles informations reçues par son secrétariat. La Chine a ratifié un traité d'extradition avec le Maroc en 2017, l'un des nombreux traités de ce type qu'elle a conclus ces dernières années. Le gouvernement chinois considérerait Hasan comme un «terroriste», en raison du travail qu'il a déjà effectué pour des organisations ouïghoures. Amnesty a déjà appelé le Maroc, en juillet, à ne pas expulser vers la Chine le militant ouighour.