La marginalisation du CFCM, pourtant représentant officiel du culte musulman en France, a fait sortir de ses gonds son president, Mohammed Moussaoui. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a publié ce mardi une tribune sur le site L'Opinion, revenant sur les récentes polémiques et passes d'armes autour du Conseil national des imams (CNI). Ainsi, appelant «l'ensemble des acteurs du terrain à une forte mobilisation, le 9 janvier 2022, à l'occasion du lancement des assises départementales des imams et de gestionnaires des mosquées», le président du CFCM rappelle le rôle que le Président de la République Emmanuel Macron lui avait attribué le 2 octobre 2020 dans la création du CNI. Dans la tribune, Mohammed Moussaoui omet sa récente joute verbale avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui affirmait dimanche que le CFCM n'était plus l'interlocuteur de la République. Qualifiant le Conseil de «mort», le ministre se justifiait en rappelant le refus de trois fédérations au sein du CFCM de signer la Charte des principes de l'Islam de France. Cette charte, hautement symbolique pour l'Elysée, n'est pas évoquée une seule fois dans la tribune. La charte de l'Islam de France au coeur du désamour La Grande mosquée de Paris joue cette carte. Après avoir quitté le CFCM accompagnée par 3 autres fédérations, elle a annoncé créer son propre Conseil national des imams. Pour Moussaoui ce CNI, créé le 21 novembre, n'a été annoncé qu'à «quelques imams, essentiellement ceux détachés par l'Algérie en France», ne communiquant «ni la composition de ce conseil ni ses textes fondateurs». D'un autre côté, le CFCM se présente comme «l'instance représentative du culte musulman» soutenue par «l'immense majorité des imams et responsables de mosquées», donnant une voix à ces derniers. Ironiquement, alors qu'il souligne les «imams algériens», Moussaoui déclare un peu plus tard «nous devrions faire en sorte que ces affiliations ou origines ne nous enferment pas dans des cloisonnements et des rivalités vaines». La question des financements extérieurs et des formations à l'étranger des imams en France est primordiale, c'est pourquoi il insiste à juste titre sur le besoin de travailler sur «l'émergence d'une institution nationale de financement du culte musulman qui permettrait aux musulmans de France de financer dans la confiance, la transparence et l'indépendance leur culte loin de toute ingérence extérieure». Plus largement, le CFCM espère que les assises du 9 janvier 2022 ouvriront «une nouvelle page de l'organisation du culte musulman» pour faire oublier les polémiques, passes d'armes et divisions. Encore faut-il que l'Elysée accepte de reprendre le fil du dialogue.