Dimanche 12 décembre, le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, a annoncé que le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), est «mort», «il n'est plus l'interlocuteur des pouvoirs publics en France». Invité à l'émission Le Grand Jury RTL- Le Figaro- LCI, le ministre a déclaré : «Aujourd'hui, le CFCM, c'est-à-dire la représentation de l'Islam consulaire (les Marocains, les Algériens...) est mort. Le CFCM pour les pouvoirs publics, pour la République française n'existe plus, n'est plus leur interlocuteur». Le CFCM, dont la présidence est assurée depuis janvier 2020 et pour deux ans par le Franco-marocain Mohammed Moussaoui, était considéré jusqu'ici comme le principal interlocuteur des pouvoirs publics pour tout ce qui a trait au culte musulman en France. Selon Gérald Darmanin, «Il ne l'est plus, car le président Emmanuel Macron a pris une décision courageuse que personne n'avait jamais prise. Il a voulu mettre fin à l'Islam consulaire et être clair avec les islamistes. Pour cela, il a fait signer une charte qui reconnait des valeurs fondamentales pour la République», ajoutant que, trois fédérations n'ont pas souhaité signer cette charte, alors que cinq fédérations ont accepté de faire. L'association Millî Görüs, le Comité de coordination des musulmans turcs de France et le mouvement Foi et Pratique, proche des prédicateurs rigoristes du Tabligh, ont refusé, au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), de signer la «Charte des principes de l'islam de France». La charte dénonce «l'instrumentalisation» politique de l'islam, proscrit «l'ingérence» d'Etats étrangers dans le culte et réaffirme la «compatibilité» de la foi musulmane avec les principes de la République. «Nous ne parlons plus institutionnellement à ces trois fédérations. Et donc, le CFCM (…) n'est plus notre interlocuteur. Je n'ai plus reçu ces personnes depuis qu'elles ont refusé de signer cette charte», a encore dit le ministre de l'Intérieur et des Cultes. Selon le ministre, face à cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas rester «attentistes». Au contraire, ils vont travailler à «une nouvelle organisation de l'Islam de France». «Il y a eu plus de 300 réunions depuis six mois avec les préfets des départements pour réunir des Assises territoriales de l'Islam avec ceux qui veulent travailler pour la République et qui acceptent l'idée de cette charte», a indiqué le ministre français de l'Intérieur, annonçant que fin janvier, le président Emmanuel Macron «pourra réunir la centaine de nouveaux représentants de cet Islam de France parmi lesquels il y aura des femmes, il y aura des laïcs, il y aura des gens de la société civile... Des personnes qui n'ont pas de liens avec l'Islam consulaire, avec l'Islam de l'étranger», indique la même source. Ajoutant qu'à «la fin du mois de janvier nous allons donc faire une réunion à l'allemande, les Allemands font ce genre de choses, une sorte de Forum, le Forum de l'Islam de France, et évidemment ceux qui sont les ennemis de la République ne seront pas invités», a réexpliqué Gérald Darmanin, qui a annoncé parallèlement «la fin des imams détachés», en promettant que «les mosquées et les associations rattachées aux fédérations qui refusent de signer la charte vont être fermées». Sur les 2.600 lieux de culte musulmans établis en France, 99 mosquées étaient soupçonnées de séparatisme. «A ma demande, ces 99 mosquées ont toutes été contrôlées au cours de ces derniers mois», a-t-il dit, ajoutant que sur ces 99 mosquées, 21 ont été fermées et pour 6 autres, des fermetures sont envisagées, notamment sur le fondement de la loi séparatisme, fait savoir le ministre Il assure également que «Pour 36 mosquées, les contrôles ont permis de démontrer que la loi de la République y était strictement respectée. Ces mosquées ont par exemple décidé de se séparer d'un imam que nous considérions comme dangereux ou d'en finir avec des financements étrangers», a encore déclaré Gérald Darmanin, affirmant que les autres mosquées soupçonnées de séparatisme continuent d'être contrôlées. «Nous ne confondons évidemment pas la partie minoritaire des lieux de culte soupçonnés de séparatisme avec l'immense majorité des musulmans de France qui ne pose aucun problème». Par ailleurs, il a aussi annoncé que les pouvoirs publics allaient travailler au fait que le culte musulman soit «assimilé» au sein de la République. «Evidemment que nous devons assimiler le culte pour qu'il soit national, car les musulmans ont tout à fait le droit de prier dans la République, mais ils ne doivent pas être commandés par des Etats étrangers», a-t-il déclaré.