L'intelligence artificielle et les droits de l'Homme ont été au cœur d'une conférence, tenue vendredi à Rabat, à l'initiative du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), avec comme objectif de débattre des différentes initiatives internationales, régionales et nationales à ce sujet. Intervenant à cette occasion, la présidente du CNDH, Amina Bouayach a relevé que le Conseil accompagne depuis 2019 le développement de l'intelligence artificielle au Maroc, notamment en termes de prévention des violations des droits de l'Homme, de protection des victimes et de promotion des droits humains. Amina Bouayach a rappelé l'organisation de consultations nationales à ce sujet portant, entre autres, sur la mise en place d'une plateforme numérique (avril à décembre 2020) «Taabirat raqmya», ayant reçu des contributions d'experts et de citoyens marocains sur la question de l'exercice des libertés dans l'espace numérique. De même, le CNDH a tenu des rencontres, entre décembre 2019 et janvier 2020, avec des journalistes, éditeurs, syndicats, associations et défenseurs des droits humains sur la protection de tous les droits humains dans l'espace numérique, a-t-elle poursuivi. La présidente du CNDH a souligné le grand intérêt accordé aux débats des instances des Nations unies et leurs préoccupations, traduites en recommandations sur la question de l'intelligence artificielle. Elle a noté que cette question soulève des préoccupations urgentes relatives aux possibilités offertes aux algorithmes de prendre des décisions déterminantes sur la vie des individus et des groupes. Pour sa part, la directrice du Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), Jamila El Alami a appelé à encourager la recherche scientifique dans le domaine de l'intelligence artificielle au Maroc, soulignant la nécessité de lever les fonds alloués à la recherche et à l'innovation dans les domaine de l'intelligence artificielle et des droits de l'Homme. Jamila El Alami a noté que les recherches et publications en la matière sont encore «modestes» au Maroc, précisant que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont parmi les pays qui produisent le plus de recherches et publications liées à l'intelligence artificielle. De son côté, le président de la Commission mondiale d'éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST), Peter Paul Verbeek a mis en exergue les avantages de l'intelligence artificielle dans l'atténuation des impacts économiques de la pandémie de la Covid-19 et le traitement des données sanitaires, constatant que l'utilisation de l'intelligence artificielle soulevait, en revanche, de nombreuses inquiétudes concernant la protection des données.