En Algérie, si le pouvoir a réussi à mobiliser partis, majorité comme opposition, dans sa «guerre» contre le Maroc, il n'a pu convaincre l'Association des oulémas musulmans algériens de rallier le mouvement. Dans la campagne belliqueuse menée par le pouvoir à Alger contre le Maroc, la très influente Association des oulémas musulmans algériens (AOMA) manque à l'appel. Pire, l'instance religieuse ne s'est pas contentée du silence mais a exhorté les deux parties à la «désescalade»», à privilégier la «stabilité» de la région et «renforcer les liens d'unité et de fraternité». L'Association, fondée en 1931 du temps de la colonisation française, a mis en garde, dans un communiqué, le royaume et l'Algérie de «tomber dans les pièges des ennemis qui visent à semer la discorde entre eux et à tuer des victimes innocentes». Pour éviter un éventuel embrasement du Maghreb, les religieux réunis sous le parapluie de l'AOMA ont invité «les universitaires et les intellectuels des deux pays à assumer leurs responsabilités, et ce, en prêchant le bien et combattre le mal afin de guider les peuples et les responsables pour qu'ils œuvrent au calme et la stabilité dans la région». L'Association appelle Marocains et Algériens à tirer les leçons de ce qui prévaut dans d'autres pays arabes et à s'engager sur la voix de la réconciliation. L'Association des oulémas musulmans algériens s'est adressée aux deux peuples, les priant de «ne pas se laisser entraîner dans des émotions destructrices dirigées par des cercles internationaux qui ne veulent pas du bien à la nation» musulmane. Après le général Kaidi, les religieux Le communiqué de l'AOMA, qui porte la signature de son président Abderrazak Kassoum, a été rédigé le 10 novembre. Néanmoins, le texte n'a été diffusé au grand public que le mardi 16 novembre. Cette position de l'Association tranche avec celle adoptée par les chioukhs de la Tariqa Tijaniya en Algérie qui ont repris la version officielle, accusant le Maroc d'être l'auteur de l' «assassinat de trois camionneurs» sur l'axe routier reliant Ouargla à Nouakchott. Pour rappel, Kassoum est aussi membre de l'Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), présidée par le Marocain Ahmed Raissouni, et basée au Qatar. Une instance qui a déjà invité le roi Mohammed VI et le président Abdelmadjid Tebboune à «faire, et de toute urgence, tout ce qui est en leur pouvoir pour rétablir les relations entre les deux pays à leur état normal, un état de fraternité, de concorde, d'unité, de cohésion, de coopération et d'action commune». En Algérie, l'Association des oulémas musulmans algériens jouit d'une aura et d'un crédit considérables que le pouvoir tente d'instrumentaliser pour gagner la confiance des milieux conservateurs et islamistes. Depuis quelques mois, il déclare que l' «Algérie nouvelle» du tandem Chengriha-Tebboune est la digne héritière de la révolution du 1er novembre 1954 et du combat d'Ahmed Badiss, le fondateur aux côtés de Bachir Ibrahimi, de ladite Association contre la colonisation française. Le deuxième mandat du président Kassoum expire normalement en décembre 2023. Reste à savoir si après ce communiqué conciliant à l'égard du Maroc, le pouvoir le laissera accomplir sa présidence jusqu'à son terme ou sera-t-il sanctionné comme fut le général-major Mohamed Kaidi ?