Dans son discours du 6 novembre, Mohammed VI a répondu, indirectement, à l'arrêt de la CJUE du 29 septembre, annulant les accords de pêche et agricole entre le Maroc et l'UE. A cette occasion, il a lancé une mise en garde aux Vingt-sept. Le discours du roi Mohammed VI prononcé à l'occasion du 46e anniversaire de la Marche verte, est porteur de messages à qui de droit. Le souverain s'est félicité que «notre Cause nationale s'inscrit désormais dans une dynamique positive imparable», citant particulièrement la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis. Un événement qui «constitue un sujet de fierté pour Nous. Elle est le corollaire naturel de l'appui constant des administrations américaines antérieures et l'illustration de leur apport constructif au processus de règlement de la question du Sahara». La souveraineté du royaume sur le Sahara s'est traduite, a-t-il souligné, par l'ouverture de «24 consulats» à Laayoune et Dakhla de pays arabes, africains et d'Amérique du sud. Une décision qui «confirme le large soutien dont bénéficie la position marocaine, surtout au sein de l'environnement arabo-africain de notre pays. C'est assurément la meilleure réponse juridique et diplomatique à ceux qui prétendent que la reconnaissance de la Marocanité du Sahara n'a pas de visibilité franche et concrète sur le terrain», a précisé Mohammed VI. Néanmoins, des partenaires du royaume tardent encore à prendre ce train. Le roi Mohamed VI les a invités à sortir de la zone grise pour rallier cet élan qui consacre la marocanité de la province. «Aujourd'hui, nous sommes tout à fait fondés à attendre de nos partenaires qu'ils formulent des positions autrement plus audacieuses et plus nettes au sujet de l'intégrité territoriale du Royaume». Un message adressé à certains pays de l'Union européenne. Pour rappel, en février 2021, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait exhorté les Vingt-sept à «sortir de la zone de confort et soutenir cette tendance internationale (la marocanité du Sahara, ndlr). Le processus a tourné en rond pendant des années. Aujourd'hui, une orientation émerge et c'est cette orientation-là que l'UE doit épouser également. L'Europe a besoin d'une zone sahélo-saharienne stable et sécurisée». Mohammed VI met en garde l'UE Une marocanité que le roi a tenu à écarter de futures négociations, précisant que «pour le Maroc son Sahara n'est pas à négocier. Aujourd'hui comme dans le passé, la Marocanité du Sahara ne sera jamais à l'ordre du jour d'une quelconque tractation». Et de préciser que «si nous engageons des négociations, c'est essentiellement pour parvenir à un règlement pacifique de ce conflit régional artificiel. Sur cette base, Nous réaffirmons l'attachement du Maroc au processus politique conduit par l'ONU». L'appui à la souveraineté du royaume sur le Sahara ne se manifeste pas uniquement par des actes politiques, telles les ouvertures de consulats, mais également par des projets d'investissements dans la province. «Nous avons dans la région des partenaires internationaux de bonne foi qui, en toute clarté et en toute transparence, investissent aux côtés du secteur privé national et contribuent ainsi au bien-être de la population. A cet égard, Nous tenons à exprimer Notre considération aux pays et aux groupements qui sont liés au Maroc par des conventions et des partenariats et pour qui nos provinces du Sud constituent une partie intégrante du territoire national», s'est-il félicité. Une satisfaction suivie immédiatement par une mise en garde adressée «à ceux qui affichent des positions floues ou ambivalentes, Nous déclarons que le Maroc n'engagera avec eux aucune démarche d'ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain». Un message fort de la part du souverain destiné à l'UE, notamment après l'arrêt du 29 septembre de la Cour de Justice de l'Union Européenne, annulant les accords de pêche et agricole conclus avec le Maroc. Le roi Mohammed VI répond ainsi indirectement à cette décision, en affirmant que «les conseils élus démocratiquement, librement et de manière responsable dans les provinces et régions du Sahara sont les véritables représentants légitimes de la population locale». Une réponse à la CJUE qui avait estimé que le Polisario est le «représentant légitime du peuple du Sahara occidental». Le roi ignore les récentes menaces de l'Algérie Malgré les tensions régionales suite à l'affaire des deux camions algériens détruits près de Bir Lahlou, à l'est du Mur des sables, le souverain a choisi d'ignorer les menaces d'Alger. Au contraire, le roi Mohammed VI a insisté sur le règlement pacifique de la question du Sahara. L'occasion pour lui «d'adresser aux cinq peuples du Maghreb, Nos vœux les plus sincères d'unité et de stabilité, de progrès et de prospérité». Pour autant il n'a pas manqué de conclure en rendant «un vibrant hommage et exprimons Notre considération aux Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, à la Sûreté nationale, aux Forces auxiliaires, à l'Administration territoriale et à la Protection Civile, toutes composantes confondues, pour leur mobilisation constante, sous Notre commandement, à défendre l'unité nationale et à préserver la sécurité et la stabilité du pays».