Après un dialogue avec le gouvernement belge et l'Office des étrangers au sujet des travailleurs sans-papiers resté au point mort, c'est un rétropédalage sur les engagements pris depuis juillet qui est contesté par quatre parties prenantes dans les négociations. Parmi les concernés, une reprise de la grève n'est pas écartée. Après l'annonce de la suspension de la grève de la faim par plus de 450 travailleurs sans-papiers en Belgique, Marocain, Algériens et Tunisiens pour la plupart, des participants au dialogue de médiation avec le gouvernement ont reproché à ce dernier d'être revenu sur ses engagements pris depuis juillet. Dans une déclaration écrite, les avocats Alexis Deswaef et Marie-Pierre de Buisseret, le porte-parole de la Plateforme citoyenne Bxlrefugees Mehdi Kassou et le prêtre à l'église de Béguinage, Daniel Alliet ont déploré le désengagement du secrétaire d'Etat à l'asile et à la migration, Sammy Mahdi. Cette sortie a été faite, lundi, à la lecture des rejets par l'Office des étrangers des demandes de régularisation des ex-grévistes, dont une bonne partie travaille en Belgique depuis plus de dix ans. Or, les négociations ont conclu que «tous les dossiers seraient recevables et traités sur le fond alors que dans la pratique de l'Office, la majorité des dossiers étaient considérés comme non recevables». Selon les observations récentes, tous les avis négatifs «concernent des dossiers qui répondent en très grande partie aux lignes directrices mentionnées». Comme les grévistes, les quatre intervenants ont expliqué avoir compris «plus tard, grâce à une note de l'administration «oubliée» dans un dossier administratif, que le directeur de l'Office des étrangers n'avait pas l'intention de respecter [la] confirmation» selon laquelle les grévistes «peuvent produire des preuves de leur intégration», introduire leur dossier et arrêter la grève, étant «dans une situation pouvant donner lieu à une régularisation». Le père Daniel, dont l'église a servi d'abris aux gréviste de la faim qui ont maintenu leur camp après la suspension, a fustigé le fait que le secrétaire d'Etat «ne respecte pas les paroles qu'il a lui-même prononcées». «Nous pourrons tous les 4 témoigner que les éléments qui ont été mis sur la table n'ont pas été respectés. C'est une honte pour chacun d'entre nous et c'est un drame humain pour les centaines de personnes sans-papiers dont l'avenir vient de se noircir très brutalement», a-t-il déploré. Belgique : Plus de 400 Marocains, Algériens et Tunisiens en grève de la faim pour leur régularisation Me Deswaef a également exprimé son désarroi, en confiant que ces vingt dernières années, il a été sollicité pour plusieurs sorties de grèves de la faim de sans-papiers et a été en dialogue avec quatre ministres différents, mais que «Sammy Mahdi est le premier qui ne tient pas parole». Me de Buisseret a quant à elle déploré «un scandale politique», en soulignant sont sentiment «d'avoir contribué à mettre fin à la grève de la faim et d'avoir été dupée par le Secrétaire d'Etat». Une crise de confiance envers le monde politique Mehdi Kassou a décrit, pour sa part, «une vraie honte pour l'ensemble des membres du gouvernement qui ont assisté de près ou de loin à ces discussions». «J'espère que les partis qui ont déclaré qu'ils quitteraient le gouvernement en cas de mort n'attendront pas une nouvelle grève de la faim pour questionner l'attitude du Secrétaire d'Etat. Sans réaction de leur part, cela signifierait qu'ils acceptent que nous ayons été instrumentalisés par un membre du gouvernement auquel ils appartiennent», a-t-il ajouté. Pour le militant, ce précédent «entame radicalement la confiance que la société civile et les citoyens peuvent avoir à l'égard du monde politique». Il estime en effet qu'il «n'est pas rare que des lieux de discussions informels soient créés pour faire face à des situations exceptionnelles. Mais les décisions qui se prennent dans ces lieux reposent presque exclusivement sur la confiance et la volonté de toutes et tous à dégager des solutions dans l'intérêt général». Le 21 juillet dernier, les travailleurs sans-papiers ont annoncé avoir suspendu leur grève de la faim commencée le 23 mai, afin de créer les bonnes conditions pour avancer dans leur dialogue avec le gouvernement. Mais au cas où ce dernier n'honorerait pas ses engagements, les porte-parole du mouvement ont annoncé précédemment que la grève pouvait reprendre à tout moment. Felipe González, rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme et Olivier De Schutter, rapporteur sur les droits de l'Homme et l'extrême pauvreté, ont interpellé Sammy Mahdi sur cette situation.