Dans son édition dominicale, «The Jerusalem Post» revient sur la richesse du patrimoine juif de la ville de Marrakech : du quartier du Mellah au cimetière de Miara, en passant par le tombeau du rabbin Solomon Bel Hench situé en plein cœur de la vallée de l'Ourika, le journal israélien invite les voyageurs juifs à partir à la découverte du judaïsme marocain tel que figé dans les murs et les sols de la Cité Ocre. Maguy Kakon n'avait pas menti. Dans un entretien accordé à Yabiladi il y a tout juste un mois, cette politicienne et auteure juive nous avait déclaré que les membres de sa communauté au Maroc étaient très attachés à leurs origines marocaines et que, dès que l'occasion se présentait, ils faisaient tout ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir l'image du pays à travers le monde. L'édition dominicale du Jérusalem Post vient de confirmer les allégations de la passionaria, à la différence près qu'ici, ce sont des juifs israéliens – et non marocains – qui vantent les mérites du Maroc. Dans un article consacré à la richesse du patrimoine juif de la ville de Marrakech, «The Jerusalem Post» exhorte ses lecteurs à partir à la découverte historique des rues, des places et des monuments qui font le charme si particulier de la Cité Ocre. «Même en disposant d'un seul jour d'exploration, Marrakech a beaucoup à offrir au voyageur qui cherche à s'immerger dans la riche histoire juive de la ville» souligne d'entrée Tanya Powell Jones, l'auteure de l'article. Il est vrai que des anciens quartiers juifs de la cité, aux confins des montagnes de l'Atlas, où vivent les derniers juifs berbères, la Perle du Sud a beaucoup à offrir aux membres du peuple élu désireux d'entreprendre un itinéraire alliant le ludique au spirituel. Le «Mellah» construit pour accueillir les juifs qui fuyaient les «pogroms» Pour l'auteure, la visite à Marrakech doit commencer par le Mellah, l'ancien quartier juif de la ville. «Au 16ème siècle, le sultan Abdallah Al Ghalib y avait fait déplacer les juifs afin de les protéger», rappelle-t-elle. Ce quartier devînt même une ville à un moment de son histoire, avec ses propres synagogues et son propre marché. A cet effet, Mme Powell Jones recommande au lecteur d'aller visiter la synagogue de Lazama «qui fût construite au 15ème siècle par les juifs ayant fuit l'Inquisition en Espagne». Ce bâtiment fût d'ailleurs conçu à l'origine de telle sorte à ce qu'il permette aux juifs de la péninsule de préserver leurs méthodes de culte ; une caractéristique qui s'est émoussée avec le temps en raison de l'évolution des pratiques. Aujourd'hui, si les traces de l'influence juive sur le quartier demeurent, indélébiles, ce dernier est en grande majorité habité par les musulmans. Deuxième point de passage obligatoire mis en avant par l'auteure dans son récit : le cimetière juif de Miara, dont la construction remonte au 16ème siècle. Il s'agit de fait du plus vaste cimetière juif du Maroc. Il est d'ailleurs divisé en trois sections, une pour les hommes, une pour les femmes, et une pour les enfants ; une singularité qui découle des «minhaggim» (coutumes) propres à la communauté juive de la Ville Rouge (mais que l'on retrouve aussi dans quelques autres communautés). Le tombeau cinq-centenaire du rabbin Solomon Bel Hench Après une pause-déjeuner dans un restaurant kasher (ou pas, selon les sensibilités), Mme Powell-Jones emmène ensuite les touristes à la découverte «de l'une des vallées les plus vierges du Maroc : la vallée de l'Ourika». Dans cette vallée aux reliefs escarpés et à la végétation luxuriante se cache la ville d'Aghbalou, où se situe le tombeau cinq-centenaire du rabbin Solomon Bel Hench. «L'un des traits particuliers du judaïsme marocain est l'honneur accordé aux hommes sacrés, et le rabbin Shlomo est l'un des saints juifs les plus révérés qui soient au Maroc» précise la journaliste. Sa tombe est d'ailleurs gardée depuis plus de 30 ans par le même homme, Hananiyah El Fassi, l'un des derniers juifs berbères de la vallée. Avant de rentrer sur Marrakech, l'auteure recommande d'ailleurs de s'installer sur le promontoire naturel qui culmine devant chez lui «pour savourer un de ces thés à la menthe» dont M. El Fassi a le secret. Et pour finir … Djemâa El Fna évidemment ! Enfin, dernière étape de cette journée haletante, l'incontournable place Djemâa El Fna. «La nuit tombée, la place s'illumine avec ses charmeurs de serpents, ses conteurs d'histoires, et ses dresseurs de singes» écrit la journaliste. La suite de son récit n'est qu'une succession de recommandations sur les places kasher (et non-kasher) où il fait bon se restaurer, et de conseils pratiques, telle que la nécessité d'avoir de la monnaie sur soi pour payer les importuns opportunistes qui sont légions dans la Capitale Touristique.