Après avoir implicitement reconnu, jeudi, la marocanité du Sahara, la diplomatie colombienne a rétropédalé, expliquant samedi que l'extension de la juridiction consulaire de son ambassade au Maroc pour inclure le Sahara ne constitue pas une «reconnaissance de souveraineté» du royaume sur la province. La Colombie a revu, samedi, la position exprimée au Maroc par sa vice-présidente et ministre des Relations extérieures, Marta Lucia Ramirez, sur la question du Sahara occidental. Dans une mise au point, sa diplomatie a ainsi évoqué des «interprétations erronées publiées par certains médias» sur le dossier du Sahara, expliquant qu'il est «réaffirmé que la Colombie, comme l'a déclaré la vice-présidente et ministre des Relations extérieures dans le communiqué conjoint avec le Maroc, maintient sa position historique de soutien aux différentes résolutions du Conseil de sécurité». Une position «dans laquelle elle reconnaît les efforts du Maroc dans la recherche d'une solution politique, pragmatique, réaliste et durable à ce différend, sous les auspices exclusifs de l'ONU», précise la mise au point. «Dans cette déclaration, la vice-présidente et ministre a salué la nomination du nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Staffan de Mistura», ajoute-t-on. «Il est faux de déduire des conséquences différentes de la déclaration de la vice-présidente et ministre sur l'extension de l'assistance consulaire (au Sahara, ndlr). [Celle-ci intervient] afin de garantir une meilleure et plus large attention aux Colombiens, qui est régie par la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963 et n'implique en aucun cas des effets de reconnaissance de souveraineté.» Simple erreur d'interprétation ou fébrilité de Bogota ? La mise au point explique que «l'assistance consulaire est traduite dans les actes administratifs effectués par les ressortissants à l'étranger et la mention du Sahara est incluse aux fins de cette assistance consulaire». Enfin, le département réaffirme que «la visite au Maroc répond à l'excellent état des relations bilatérales après 42 ans de leur établissement en 1979». «La Colombie et le Maroc sont des partenaires stratégiques et ensemble nous travaillerons pour réaliser de plus grandes opportunités de développement économique et de création d'emplois au profit de nos concitoyens, ainsi que pour le renforcement des relations entre l'Amérique latine et l'Afrique, comme nous en avons discuté avec le gouvernement et les hommes d'affaires au cours de cette visite», conclut la diplomatie colombienne. Jeudi, plusieurs sources médiatiques ont évoqué une «reconnaissance de la Colombie de la souveraineté marocaine sur le Sahara», relayant des instructions données au nouvel Ambassadeur de la Colombie à Rabat, pour «étendre la juridiction consulaire de l'Ambassade de Colombie au Royaume du Maroc sur tout le territoire marocain, incluant le Sahara». Pourtant, il ne s'agit pas d'une simple erreur d'interprétation du communiqué conjoint entre Marta Lucia Ramirez et le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita par la presse marocaine. Même les médias étrangers ont vu, dans la décision annoncée, une reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur la province. En effet, le journal El Pais a ainsi expliqué, jeudi, qu'«en pratique, le message de Ramírez s'inscrit dans le cadre de la voie tracée par l'ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, lorsqu'il a décrété le 10 décembre la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental». Le média espagnol y a vu un «soutien le plus explicite à Rabat», exprimé par la ministre colombienne des Relations extérieures, lors de son déplacement au Maroc. La même source a affirmé, plus loin, que «l'un des principaux partenaires des Etats-Unis en Amérique latine (la Colombie, ndlr) a suivi les traces de Trump en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en dehors des Nations unies». Malgré un rapprochement franc avec Rabat, Bogota semble vouloir ménager le Polisario et Alger.