Selon l'Enquête nationale sur l'insertion des lauréats de l'enseignement supérieur au Maroc, publiée cette semaine par le CSEFRS, 16,2% des diplômés de l'enseignement supérieur en 2014 ont déclaré être en situation de chômage, 45 mois après la sortie d'école. De plus, «des disparités par niveau de diplôme» et des «inégalité d'accès au premier emploi» persistent. L'Instance nationale d'évaluation du système d'éducation, de formation et de recherche scientifiques (INE) a publié cette semaine un résumé de son enquête nationale sur l'insertion des lauréats de l'enseignement supérieur au Maroc. L'enquête, élaborée par l'instance dépendant du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), propose une évaluation longitudinale de l'intégration des lauréats des universités, des établissements de la formation des cadres, de la formation professionnelle post-baccalauréat et de l'enseignement supérieur privé au marché du travail. Menée auprès de 9 899 lauréats de la promotion 2014 et qui sont interrogés de manière rétrospective en 2018, elle se base sur un questionnaire adressé à ces diplômés permettant de recueillir des informations sur leur itinéraire professionnel après l'obtention du diplôme par le biais d'un calendrier professionnel mensuel en reconstituant de façon séquentielle dans le temps (48 mois) les différentes situations rencontrées depuis la sortie du système de formation : emploi, chômage, poursuite d'études, inactivité. Ainsi, l'analyse des résultats de l'enquête révèle que quatre ans après la sortie des établissements de formation, plus des deux tiers (69,4%) des diplômés de l'enseignement supérieur sont en situation d'emploi, 13,3% sont à la recherche d'emploi (chômage), 9,4% sont en situation de reprise ou de poursuite d'études et 7,9% sont inactifs et ne suivent ni études ni formation. Pour l'INE, «ces indicateurs témoignent de la forte participation des diplômés de l'enseignement supérieur au marché du travail», puisque près de 82,6% des lauréats ont déclaré être en situation d'activité quatre ans après leur sortie des établissements de formation. Un chômage persistant ou dominant de plusieurs mois Sur l'ensemble des diplômés de l'enseignement supérieur en 2014 qui ont déclaré être en situation d'activité quatre ans après leur sortie des établissements de formation (2018), 16,2% ont déclaré être en situation de chômage, ce qui correspond à un taux de chômage toutes composantes confondues, proche du double de celui de l'ensemble de la population au niveau national en 2018 (9,5%). Ce taux de chômage reste relativement élevé chez les femmes (20,9% contre 12,3% pour les hommes), chez les diplômés de la formation professionnelle post bac et ceux des établissements universitaires à accès ouvert, avec respectivement 20,5% et 18,7%, contre seulement 2,9% chez les diplômés des établissements ne relevant pas des universités, 5,6% chez les diplômés de l'enseignement supérieur privé et 8,5% parmi les diplômés des établissements universitaires à accès régulé. L'enquête pointe «des disparités par niveau de diplôme», notant que les titulaires d'une licence fondamentale et les techniciens spécialisés sont les plus touchés par le chômage quatre ans après leur sortie des établissements de formation. Deux types de diplômés ayant affiché des taux de chômage supérieurs à la moyenne (16,1%), avec respectivement 21% et 20,5%. Heureusement pour les lauréats, l'évolution mensuelle du taux d'insertion professionnelle, montre que ce dernier passe, en s'inscrivant dans une tendance haussière, de 47,9% un mois après la sortie de l'enseignement supérieur à 83,7% 45 mois après l'obtention du diplôme. Quant à l'entrée dans la vie active, les diplômés des établissements ne relevant pas des universités ont majoritairement des trajectoires professionnelles caractérisées par l'accès certain et durable à l'emploi (84,6%) avec une surreprésentation masculine (89,7% des hommes et 80,4% des femmes). Ces trajectoires concernent 58,6% des techniciens spécialisés lauréats de la formation professionnelle post bac, 53,9% des lauréats des établissements universitaires à accès régulé, 68,7% des diplômés de l'enseignement supérieur privé et 51,1% de ceux des établissements universitaires à accès ouvert, détaille-t-on. En revanche, au cours des premières années de vie active, 14,2% des diplômés des établissements universitaires dont l'accès est ouvert s'inscrivent dans le chômage persistant ou dominant d'une durée moyenne de 41 mois. Ce type de parcours rassemble 7,7% de la population des diplômés des établissements universitaires à accès régulé. L'enquête ajoute que parmi les diplômés des établissements ne relevant pas des universités et des écoles privées, respectivement 4,4% et 5% connaissent un chômage persistant ou dominant dans leurs parcours durant les 45 mois suivant la sortie de l'école. Le privé et les petites entreprises, principaux pourvoyeurs d'emplois des jeunes diplômés L'enquête pointe une «inégalité d'accès au premier emploi en faveur des hommes à l'issue de leur diplomation de l'enseignement supérieur, toutes composantes confondues», en plus des difficultés d'accès des jeunes diplômés à l'emploi en général. Dans ce sens, elle révèle que les diplômés de l'enseignement supérieur en 2014, toutes composantes confondues, mettent environ 10,8 mois à trouver leur premier emploi. L'analyse de l'emploi selon le type d'employeur montre que le secteur privé formel est le plus grand pourvoyeur de postes d'emploi pour les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur (64,8%), quatre ans après l'obtention de leur diplôme. Le reste des postes est assuré principalement par l'Etat (33,1%, y compris les entreprises publiques et semi-publiques) et l'auto-emploi (2,3%), tandis que le secteur informel ne contribue à l'emploi des jeunes diplômés que par une faible proportion ne dépassant pas 1,5% de postes. La structure des diplômés en situation d'emploi quatre ans après l'obtention de leur diplôme selon la taille d'entreprise montre que ce sont les petites (57,6%) et moyennes entreprises (21,4%) qui insèrent le plus souvent les diplômés de l'enseignement supérieur (hors secteur public). Sur le plan sectoriel, et à l'instar de sa contribution à l'emploi au niveau national, le secteur des services reste le principal recruteur des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur (84%), devant le secteur de l'industrie (13,7%). L'enquête définit aussi les enjeux et défis de l'insertion des diplômés. «Revoir un système éducatif qui hiérarchise les disciplines et surtout les différenciant en ressource, est un enjeu pour réformer le système de l'enseignement supérieur dans sa globalisation, de manière à faire émerger l'excellence de tous les établissements qu'ils soient de sciences humaines et sociales, de droit ou d'ingénierie», plaide-t-elle.