Le gouvernement vient de lancer un programme de formation au profit de 3450 diplômés de l'enseignement supérieur sans emploi. Objectif : leur insertion dans le marché du travail. Il est également prévu de consacrer un millier de postes dans l'enseignement public à cette catégorie. Pour les délivrer du chômage, des milliers de diplômés sont invités à reprendre le chemin de l'école. Pour ce faire, le gouvernement a débloqué une enveloppe globale de 167 millions DH pour la reconversion et l'insertion professionnelle des jeunes diplômés à la recherche d'un emploi. Le programme touchera 3450 bénéficiaires dont 1800 lauréats de formation scientifique. L'annonce a été faite suite à une réunion tenue à la Primature et présidée par le Premier ministre Abbas El Fassi, consacrée à ce thème. «La mesure s'inscrit dans la continuité des programmes de formation et d'insertion des jeunes diplômés, initiée par le précédent gouvernement», explique Jamal Aghmani, ministre de l'Emploi et partie prenante de ce vaste programme. En effet, ajoute-t-il, «elle intervient suite à l'accord signé en août dernier entre le gouvernement et des associations représentatives des diplômés de l'enseignement supérieur à la recherche d'un emploi». L'accord en question a été signé le 2 août entre le gouvernement de Driss Jettou et 25 associations représentant les diplômés universitaires en situation de chômage. L'application de ce programme qui sera déployé dès le mois de décembre sera suivie par une commission comprenant tous les intervenants du domaine. Il sera mis en œuvre par étapes jusqu'à fin 2008 et permettra aux diplômés de l'enseignement supérieur d'acquérir une formation pointue favorisant leur insertion rapide et facile dans le monde du travail. «Le marché du travail a besoin de profils pointus, notamment des ingénieurs, qui n'existent pas actuellement au Maroc. Ce programme permettra aux bénéficiaires d'acquérir le savoir-faire nécessaire pour répondre à cette demande», souligne M. Aghmani. «C'est une opportunité très importante qui se présente à ces diplômés qui pourront suivre des formations dans des établissements aussi réputés que l'Institut national des postes et télécommunications (INPT), l'Ecole Mohammedia des ingénieurs (EMI) et l'Ecole nationale supérieure de l'informatique et de l'analyse des systèmes (ENSIAS)», ajoute-t-il. «La formation de reconversion constitue une rupture par rapport au type de formation d'origine des intéressés», souligne-t-on auprès de la Primature. Son contenu ne vient pas en complément des formations reçues au niveau des écoles supérieures et universités où ils ont poursuivi leurs études. C'est une formation pour l'insertion, qui s'effectue dans des établissements dédiés et appropriés. Trois types de formation ont été arrêtés ; il s'agit de formations scientifiques et techniques, en lettres et sciences humaines et des formations économiques, juridiques, sociales et de gestion. «Ce programme est basé sur une approche territoriale pour une formation de proximité», explique un communiqué de la Primature. Dans ce cadre, six pôles de formation-reconversion sont prévus à Casablanca-Rabat, Marrakech, Fès, Agadir, Laâyoune et Tanger. Par ailleurs, parmi les postes d'emploi dans le secteur public, prévus dans la loi de Finances pour l'exercice 2007, 1000 postes budgétaires avaient été réservés aux diplômés de l'enseignement supérieur actuellement à la recherche d'un emploi. «Une réunion sera tenue le 24 novembre et sera consacrée à ce sujet», affirme le ministre de l'Emploi. L'ensemble de ces postes concerne le département de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur. Des sélections pour accéder à ces postes seront organisées dans les différentes Académies régionales de l'éducation nationale. «Pour le reste, d'autres postes seront ouverts à cette catégorie de la population qui pourra y accéder par concours», note le ministre. Et d'ajouter que «l'administration ne peut pas absorber tous les demandeurs d'emploi. D'ailleurs, les besoins de la fonction publique se font de plus en plus pointus», conclut-il. Le programme lancé par le gouvernement devrait mettre fin aux séries de sit-in organisés devant différentes institutions, par les diplômés en chômage et qui ont fait partie du décor de la capitale du Royaume. Ce que confirme Mohamed Benmassaoud, responsable de l'une des quatre coordinations des diplômés chômeurs qui fait partie de cet accord. «Suite à cette réunion, nous nous sommes engagés à mettre fin à toute manifestation de protestation et lever la grève de faim décidée par les quatre groupes des diplômés», affirme-t-il. De plus, les lauréats de l'enseignement supérieur, directement concernés par ce volet de l'accord et actuellement au nombre de 1463, se disent satisfaits et optimistes. Et ce, d'autant plus que les 1000 postes promis ont été dégagés dans le cadre du budget 2007 et ne font pas partie des 16.000 postes budgétaires prévus par la loi de Finances 2008.