De jeunes Marocains, regroupés sous le titre de «Massaiminch», lancent un appel sur Facebook pour revendiquer le droit de ne pas jeûner, au Maroc. Une action qui s'inscrit dans la continuité du Mouvement Mali mais avec une nouvelle façon d'opérer. A quelques jours du ramadan, des jeunes Marocains lancent sur facebook le mouvement «Massaiminch» (nous ne jeûnons pas). «L'initiative connaît un engouement particulier, nous comptons plus de 300 adhérents. Nous avons d'anciens membres du Mali [Mouvement alternatif pour les libertés individuelles créé en 2009, ndlr] qui sont avec nous», soutient Abdelhak Amrani, l'un des promoteurs de ce collectif. «Pour le moment nous ne sommes pas en mesure de savoir s'ils participeront tous ou non à une action de non-jeûner dans un lieu déterminé», nuance-t-il. «Massaiminch» s'inscrit dans la continuité de l'expérience de Mali mais avec une nouveau mode opératoire, évitant de tomber dans le piège de la sur-médiatisation. «Le blogueur Kassim Ghazali [installé en Suisse et auteur de la plateforme Moroccans free thinkers, ndlr] a proposé de filmer une action de non-jeûner, d'une durée de quelques minutes, dans une place publique et ensuite d'en diffuser les séquences sur internet. C'est juste une proposition qui devrait être validée par l'ensemble des adhérents», souligne Abdelhak Amrani. Nous sommes loin du pique-nique que comptait organisé le Mali à Mohammedia pendant le ramadan 2009. Sanctions de l'article 222 du code pénal A la question de savoir si le mouvement «Massaiminch» n'est qu'un autre front dans le conflit opposant laïcs et conservateurs, Abdelhak Amrani répond par la négative. Selon lui, «la laïcité est un faux débat. Le nécessaire est d'abord d'instaurer un régime démocratique garantissant pleinement aux citoyens l'exercice de leurs droits y compris celui de ne pas jeûner et ce conformément aux principes universels des droits de l'homme.» Le préambule de la constitution du 1er juillet 2011 souligne que «le Royaume du Maroc, membre actif au sein des organisations internationales, s'engage à souscrire aux principes, droits et obligations énoncés dans leurs chartes et conventions respectives, il réaffirme son attachement aux droits de l'homme tels qu'ils sont universellement reconnus.» En dépit de cette affirmation solennelle, l'article 222 du code pénal prévoit des sanctions contre les Marocains musulmans qui se déclarent non-jeûneurs. «Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et à une amende.» C'est justement sur la base de cet article que les forces de l'ordre avaient été mobilisées, en 2009, contre le pique-nique du Mali. Une opération au cours de laquelle des membres de ce mouvement avaient subi des interrogatoires dans les locaux de la police de Mohammedia.