L'Espagne prend très au sérieux un éventuel non-renouvellement du contrat du gazoduc reliant l'Espagne et l'Algérie via le Maroc. Une rupture qui n'affectera pas seulement Rabat mais également les chances électorales des socialistes au pouvoir à Madrid. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, est attendu à Alger, ce jeudi 30 septembre. La pérennité de l'approvisionnement du marché ibérique en gaz algérien est la principale motivation de ce déplacement, indique l'agence de presse EFE. Le chef de diplomatie sera accompagné par les présidents des entreprises Naturgy, associée à hauteur de 49% dans le gazoduc Medgaz, et Enagas. Outre une réunion avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra, Albares aura aussi des entretiens avec d'autres responsables algériens. Une visite qui intervient quatre semaines avant l'expiration, le 31 octobre prochain, du contrat du gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc. Un pipeline qui assure le transfert de 10 milliards M3 annuellement vers la péninsule alors que le Medgaz, d'une longueur de 750 km et qui ne passe pas par le territoire marocain, garantit le transport de 8 milliards M3 de gaz. Le non-renouvellement prive annuellement l'Espagne de 7% de ses besoins en gaz L'exécutif espagnol prend très au sérieux ce dossier du gaz, aux conséquences électorales importantes sur sa popularité auprès de l'opinion publique. D'autant plus que le 5 septembre, Pedro Sanchez a promis aux Espagnols une baisse des tarifs de l'électricité avant la fin de cette année. Un engagement dont la concrétisation dépend, en partie, du renouvellement du contrat du gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc. C'est d'ailleurs tout l'enjeu de la visite d'Albares en Algérie. Un objectif qui parait difficile à réaliser alors que des membres du gouvernement algérien et le PDG de la compagnie publique Sonatrach se relaient pour marteler l'irréversibilité de la fermeture du robinet du gaz passant par le Maroc vers l'Espagne. Les autorités espagnoles doivent se contenter des promesses sur la capacité de l'Algérie a répondre aux demandes de l'Espagne en gaz uniquement via le gazoduc Medgaz. Pour rappel, deux jours après l'annonce par Alger de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat, le ministre algérien de l'Energie, Mohamed Arkab, a exprimé à l'ambassadeur de l'Espagne, Fernando Moran, l'engagement total de l'Algérie de couvrir l'ensemble des approvisionnements de l'Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz. Peu convaincu par ses assurances, José Manuel Albares a indiqué le 30 août que son département «discute et analyse la situation avec l'Algérie». Mais le non-renouvellement du contrat prive l'Espagne de 7% de ses besoins en gaz, précise l'agence EFE. Une réduction qui se répercutera automatiquement sur la facture d'électricité déjà salée, notamment après la hausse décrétée par le gouvernement Sanchez en août dernier. Une augmentation décriée par la droite plurielle, Parti Populaire, Vox et Ciudadanos, mais également par Podemos, pourtant membre de la coalition de la gauche qui gouverne en Espagne depuis janvier 2020.