Le «Centre européen pour la paix et la résolution des conflits», dont l'activité était aussi douteuse que le contenu plagié, a réussi à faire parler de lui en offrant un «prix Jean Jaurès pour la paix» au Roi Mohammed VI. Yabiladi revient sur cette propagande aux ficelles grossières. Un mystérieux «Centre européen pour la paix et la résolution des conflits» (CEPRC) avait attribué lundi un prix nouvellement créé, nommé «prix Jean Jaurès pour la paix» au Roi du Maroc Mohammed VI. Mais la tromperie du responsable ne s'est pas arrêtée à la création d'un centre fictif ; un réseau entier de faux sites d'information a été mis en place pour servir de caisse de résonance à la propagande. Yabiladi se propose d'en exposer l'origine après avoir débunké le prix et la crédibilité du centre qui a réussi à piéger plusieurs médias au Maroc et même jusqu'en Israël. نهنئ ونبارك للشعب المغربي "منح جائزة جان جوريس للسلام للعام 2021 لجلالة الملك محمد السادس ملك المملكة المغربية ، تقديرا لدوره الكبير في نشر قيم السلم و السلام داخل المغرب وخارجه". #إسرائيل #المغرب خاوه_خاوه???? https://t.co/URfX7YbS7P — إسرائيل بالعربية (@IsraelArabic) September 22, 2021 Pour donner du crédit et de l'écho à cet obscure prix de la Paix, le Centre européen a, en plus du communiqué de presse, utilisé une constellation de sites d'information clonés et aux noms proches de médias connus (France25, Canal_75 ou LatribuneI,...). Parmi l'ensemble des internautes et des journaux qui ont relayés l'information, on retrouve sur Twitter au moins 8 comptes de sites d'informations, tous créés en août 2021. Sur tous les sites, les pages d'accueil sont identiques dans le contenu, avec des chiffres de fans sur les réseaux sociaux gonflés, alors qu'aucune des pages ne dépasse 1 ou 2 likes, si ce n'est 0. Plagier et faire croire Un bref aperçu du contenu des sites permet de remarquer que tous partagent les mêmes informations, écrites de manière identiques, mais aucuns par eux ne donne les noms d'auteurs des articles tous plagiés. France 24 notamment s'est vu voler son travail pour les articles de la «Crise des sous-marins», ce qui se vérifie ici ou là. Ce contenu plagié n'est que prétexte pour mettre en avant l'article de propagande du fameux Centre, en l'occurrence le prix «Jean Jaurès» attribué au roi Mohammed VI. Sur Twitter, aucun des articles partagés par les sites n'a provoqué d'interactions, aucun sauf cette annonce et les interactions ont été faites par les mêmes comptes, qui ressortent inlassablement sur chacune des pages Twitter des faux médias. Trois comptes ressortent sur chaque annonce en partageant le post du CEPRC, tous les comptes sont détenus par des Marocains et sont très actifs. Les trois internautes aimants inlassablement l'annonce sur chacune des 8 pages En retraçant les propriétaires des sites internet en question, on remarque que tous ont été enregistrés par le même hébergeur et à la même date, le 15 juillet 2021. Encore plus troublant , lorsque l'on prend connaissance de l'identité du propriétaire, un certain «Centre Européen» dont l'adresse e-mail de contact est celle renseignée sur le site du CEPRC. Accablant, l'adresse de correspondance des sites est une adresse bien connue, car c'est celle qui ressortait logiquement du journal officiel lors de la création de l'association du CEPRC. Le propriétaire d'un des sites Le contact du centre Un nom récurrent trahis par une adresse Une fois le lien entre le centre et les faux sites établi, Yabiladi s'est de nouveau penché sur la seule personne qui présentait de manière crédible un lien avec le CEPRC, étant déclarée comme son président sur le site : Mohamed Ouamoussi. En creusant, il ressort que le journaliste franco-marocain avait, en 2004, créé en son nom une société en renseignant une adresse qui se trouve être la même que celle des sites et du centre. Levant tout doute possible, nous avons pu établir que son épouse avait renseigné cette même adresse en 2018 pour créer en son nom une société. Toute cette galaxie pour mener la propagande n'est pas désintéressée. Le CEPRC propose à ses internautes de faire un don pour les soutenir. Sur leur site, on peut lire : «Donner à une association, c'est donner du sens à son engagement. En 2018, vos dons à notre association ont permis à nos équipes de venir en aide à 800 000 personnes dans 38 pays.» Pourtant, rien dans le reste des travaux ne parlent d'aide, et c'est le seul rappel de l'objet légal de l'association : l'aide humanitaire, dont la propagande menée par le responsable est bien éloignée. Article modifié le 2021/09/23 à 19h40