Dans une étude menée au CHU Ibn Sina de Rabat, 7 chercheurs marocains se sont intéressés à l'infection à l'hépatite B chez 18 877 patients sur une période allant de mars 2015 à février 2018. Ils alertent ainsi sur le niveau élevé de prévalence du VHB et la faiblesse de la couverture vaccinale. Fléau mondial qui touche des millions de personnes dans le monde, l'hépatite B est considérée comme un problème de santé publique au Maroc. Les données disponibles considèrent même le royaume comme un pays à endémicité intermédiaire. C'est dans ce sens que 7 chercheurs du Laboratoire central de virologie (CHU Ibn Sina/Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat), du laboratoire de microbiologie et biologie moléculaire de la Faculté des Sciences de l'Université Mohammed V de Rabat et de l'Unité de recherche médicale et biologique du Centre national des sciences et techniques de l'énergie et du nucléaire ont mené une étude. Son objectif a été d'«évaluer la prévalence du VHB au Maroc à grande échelle et d'évaluer la prévalence de différents marqueurs sérologiques pour une meilleure prise en charge de cette infection au Maroc». L'étude a été menée au Laboratoire central de virologie, qui a reçu des échantillons de dix hôpitaux différents. «Les patients sont majoritairement originaires de la région de Rabat mais aussi de diverses villes du pays venant pour des soins médicaux, des chirurgies, des consultations, des soins de santé tertiaires, etc…», détaillent les chercheurs. Quant aux échantillons, ils ont été reçus entre mars 2015 et février 2018. Au Total, l'étude a concerné 18 877 patients du CHU Ibn Sina de Rabat. Une prévalence élevée et une couverture vaccinale VHB très faible Les principaux marqueurs sérologiques utilisés dans l'évaluation de l'infection par le VHB ont été l'antigène de surface de l'hépatite B (HBsAg), les anticorps dirigés contre l'antigène de surface de l'hépatite (HBsAb), les anticorps totaux dirigés contre l'antigène central de l'hépatite B (HBcAb) et la sous-classe d'anticorps IgM anti-HBc (IgM HBcAb). «Ces marqueurs, combinés entre eux, fournissent des profils sérologiques du VHB qui pourraient mieux compléter l'évaluation clinique pour mieux gérer cette infection», précisent les chercheurs. L'étude révèle que la prévalence de l'antigène de surface de l'hépatite B (HBsAg) était de 2,47%, ce qui reste «conforme à la prévalence globale estimée à 3,3% par l'OMS dans la région de la méditerranée orientale». Une «séroprévalence du VHB qui conforte le classement du Maroc en zone moyenne d'endémie avec une prévalence comprise entre 2 et 8%», ajoute-t-on. Dans l'ensemble, seulement 27,66% des patients étaient positifs pour HBsAb. Ce dépistage des anticorps est réalisé pour suivre l'évolution de l'hépatite B afin de vérifier le statut de séroconversion, mais aussi dans le but d'évaluer l'efficacité de la vaccination VHB, rappelle-t-on en regrettant que «cette valeur reste très faible compte tenu du développement réalisé au Maroc en termes de couverture vaccinale depuis 1999». L'étude met clairement en évidence un niveau élevé de prévalence du VHB au Maroc et une couverture vaccinale VHB très faible. «L'infection par le VHB reste un problème de santé publique et de nouvelles recommandations, conformes aux directives de l'OMS, devraient être fixées pour favoriser les tests sérologiques et renforcer le protocole de vaccination pour limiter la dissémination virale et assurer une meilleure prise en charge de cette maladie au Maroc», indiquent les 7 chercheurs. Ceux-ci considèrent aussi que de nombreux efforts sont obligatoires pour promouvoir les tests sérologiques et augmenter le taux de vaccination afin de limiter la dissémination virale pour une meilleure prise en charge de cette maladie au Maroc.