Le PJD se dirige vers un véritable camouflet pour les législatives du 8 septembre, perdant plusieurs de ses bastions, notamment dans les grandes villes. La direction du parti explique ces mauvais résultats par «l'achat des voix» par les autres partis. Les trois places du podium semble être une affaire entre le RNI, le PAM et l'Istiqlal. Les premiers résultats non-officiels des législatives du 8 septembre ne sourient pas aux islamistes. Le PJD a perdu certains de ses bastions. Dans la circonscription de Tanger-Assilah, avec cinq sièges en jeu, le parti de la Lampe est sorti bredouille. Un sérieux revers pour la formation qui avait glané trois sièges en 2016. Les grands bénéficiaires de ce recul du PJD sont le RNI, l'Union constitutionnelle, l'Istiqlal, le PAM et l'USFP. A Oujda, les «frères» de Saad-Eddine El Othmani avaient aussi rendez-vous avec la déroute. Ils ont perdu les deux sièges qu'ils avaient récolté en 2016. Cette débâcle a profité aux candidats du PAM, RNI et Istiqlal qui ont arraché un siège à la Chambre des représentants. Ces mauvais résultats du PJD ont été enregistrés également à Mohammedia. La liste des islamistes a cédé du terrain face à l'avancée du RNI, l'Istiqlal et le PAM. Même constat à Settat où les trois sièges en jeu sont revenus au RNI, PAM et Istiqlal. Dans certaines circonscriptions de Casablanca, le PJD a été largement dépassé par ses principaux concurrents. Ainsi à Mer Sultan-El Fida, le RNI, le PAM et l'Istiqlal se sont répartis entre eux les trois sièges. En revanche à Ben M'sik-Sidi Othman, l'UC s'est frayé une place aux côtés des partis de la Colombe et du Tracteur. A Hay Mohammadi-Aïn Sebaa, le PJD n'a pu faire mieux laissant à ces trois concurrents et à l'USFP le partage des quatre sièges. En 2016, les islamistes avaient deux députés dans cette circonscription. El Othmani et ses «frères», mauvais perdants ? A Nador, les électeurs ont également sanctionné le PJD en offrant les sièges à l'USFP, le PAM, le RNI et l'Istiqlal. Même constat à Laayoune où les candidats de la Balance, du Tracteur et de la Colombe sont arrivés premiers. A Rabat-Océan, El Othmani en personne, mais aussi Nabil Benabdellah (PPS), se sont fait dépasser par le candidat du RNI, le jeune candidat du PAM (Mehdi Bensaïd), celui de l'Istiqlal et celui du MP. En revanche, à Agadir, le PJD a pu sauver les meubles, en réussissant à glaner un siège dans cette circonscription aux côtés du RNI, PAM, Istiqlal et USFP. C'est le cas aussi du candidat des islamistes à Meknès. Force est de constater que les têtes d'affiche du PJD avaient anticipé cette déroute. Ils se sont relayés sur le site du parti pour pointer un «recours massifs à l'achat des voix». Un message martelé notamment par Aziz Rebbah, Abdellah Bouanou et Abdelhak El Arabi, le directeur général du parti. De son côté, El Othmani a fait une sortie médiatique pour remettre en question la crédibilité de ses résultats, exigeant du ministère de l'Intérieur de remettre les procès-verbaux des opérations de dépouillement des voix aux partis. Cette débâcle, enregistrée dans des traditionnels bastions des islamistes, ne peut-être expliquée uniquement par le nouveau quotient électoral et l'achat présumé de voix. Les conditions de la désignation de Saad-Eddine El Othmani pour former un gouvernement en mars 2016 ont laissé de profondes séquelles. Depuis les divisions sont devenues criantes entre deux courants, les ministres contre les fidèles de Benkirane, qui se sont opposés au grand jour et parfois avec violence. Pour rappel, dans sa vidéo live du 5 septembre, Benkirane s'est gardé d'appeler les Marocains à voter au PJD. La mobilisation de la base du PJD est un autre facteur à même d'expliquer cette défaite. Par exemple à Tanger, les islamistes ont perdu plus de 50.000 voix par rapport aux législatives de 2016. Les cinq années de mandat d'El Othmani et sa politique gouvernementale auront sensiblement érodé la base éléctorale du PJD. Article modifié le 2021/09/10 à 22h45