Après les revendications des partis de droite et extrême droite, le gouvernement de gauche a établi un plan stratégique pour «lutter contre l'asphyxie économique des deux villes autonomes par le Maroc». Dans le sillage de l'exode de milliers de Marocains vers Ceuta, en mai dernier, le gouvernement espagnol compte accélérer un plan stratégique pour venir en aide aux enclaves de Ceuta et Melilla. Ainsi, selon un document de l'exécutif de Pedro Sanchez, consulté par El Pais, le gouvernement compte «lutter contre l'asphyxie économique des deux villes autonomes par le Maroc». Ce plan sera prêt «avant l'été», selon des sources gouvernementales consultées par le journal. Commandé par La Moncloa, il serait déjà en cours, avec au moins une demi-douzaine de mesures, à court et moyen terme. Le rapport met clairement en garde, et pour la première fois, contre la détérioration rapide de la situation sociale dans les deux villes. Ainsi, parallèlement à la «déconnexion économique» avec la zone frontalière marocaine, l'Espagne attribue à Rabat un «objectif national constant et inaliénable» pour «annexer Ceuta et Melilla». Dans ce sens, l'exécutif de Pedro Sanchez met en garde contre le «changement démographique» dû aux «flux migratoires et à la population croissante d'origine marocaine résidant dans les deux villes de manière irrégulière». «L'évolution démographique des dernières décennies, avec un poids croissant de la population d'origine marocaine, a entraîné une polarisation croissante» prévient le rapport, décrivant un «défi sociodémographique» auquel font face Ceuta et Melilla et qui se traduit par un «fossé social inquiétant», du à «la crise économique, le manque d'opportunités pour une population jeune (et) le manque d'espaces communs». Renforcer l'économie et les services publics Le document, qui reconnaît que les services publics des deux villes sont «sous-financés» et sont «insuffisant pour le volume de population actuel», alerte aussi sur des «sentiments xénophobes» naissants et un «détachement vis-à-vis de l'Etat» avec des services publics de moindre qualité, que beaucoup d'habitants de Ceuta et Melilla attribuent au fait que les services de santé, d'éducation et sociaux sont «à la disposition des étrangers». Ce changement démographique progressif s'accompagne d'une augmentation «de l'influence politique et religieuse» du Maroc dans les deux villes. Les mesures prévues par l'exécutif espagnol vise notamment à maximiser les avantages fiscaux «pour promouvoir de nouveaux secteurs d'activité», notamment le tourisme, les bateaux de croisière, et les jeux d'argent en ligne. Il vise également à améliorer les liaisons avec la péninsule et à générer une zone de «prospérité partagée». Par ailleurs, il préconise de redynamiser l'activité portuaire, qui a souffert dans le cas de Melilla en raison de la concurrence du port de Nador. Intégrer Ceuta et Melilla dans l'espace Schengen : Réalité ou simple surenchère ? L'Espagne étudie aussi «l'inclusion de Ceuta et Melilla dans l'Union douanière et la réforme du régime économique et social des deux villes autonomes». Sur le plan sécuritaire, le rapport envisage de laisser entrer des gardes de l'Agence européenne des frontières (Frontex) dans les deux villes pour donner de la visibilité au fait que leurs limites correspondent à la frontière sud de l'Union européenne. La conception de la nouvelle stratégie pour Ceuta et Melilla serait actuellement entre les mains du ministère de la Politique territoriale, qui a nommé un haut fonctionnaire exclusivement dédié à la coordination des actions des différents départements des deux villes.