A la liste de ses classiques griefs contre le Maroc, le président de Melilla vient de rajouter une nouvelle. Juan José Imbroda souhaite amender le Code civil espagnol afin d'empêcher les Marocains né à Melilla de réclamer la nationalité espagnole. Il compte aborder la question avec Pedro Sánchez mardi prochain. Le président de Melilla se réunira, le 4 décembre à Madrid, avec le chef du gouvernement Pedro Sánchez. Une annonce faite par Imbroda lui-même, dans des déclarations à la presse. Sans doute, la rencontre sera électrique, surtout à cause du fossé séparant les deux protagonistes, tant au niveau de l'appartenance que sur les choix politiques. En effet, le premier représente la droite classique du Parti Populaire et le second la gauche socialiste. Le Maroc sera en tout au centre de ces échanges. Imbroda ne manquera pas l'occasion d'aborder avec le chef de l'exécutif la fermeture par Rabat de sa frontière commerciale avec Melilla depuis le 1e août dernier. Pour rappel, le président de Melilla avait pris la tête de l'opposition à la décision prise par l'Administration des Douanes marocaines. D'ailleurs, il n'était guère clément avec le gouvernement Sánchez, critiquant son «inaction» face à une «atteinte à la souveraineté espagnole» et «un manque de respect de la part des autorités [du Maroc] à un accord en vigueur depuis des décennies». Les craintes d'Imbroda des changements politiques à Ceuta et Melilla Outre l'épineuse question des frontières et le traditionnel dossier des mineurs marocains en errance, Juan José Imbroda compte aborder avec le chef du gouvernement un point particulier. Il concerne les bébés marocains qui naissent dans les hôpitaux de Melilla. Le président annonce qu'il proposerait à Pedro Sánchez une modification du Code civil pour empêcher ses bébés de réclamer le droit à la nationalité espagnole, dès qu'ils atteindront 18 ans. Imbroda a estimé que le nombre annuel de ces naissances était de 1 300 sur un total de 25 000 enregistré dans la ville. Selon lui, il y auait «urgence» à «légiférer l'exceptionnalité de Ceuta et de Melilla», soulignant que ces futurs citoyens, nés quelques années auparavant dans un hôpital à Melilla, appartiennent à un pays qui prétend «annexer les deux villes espagnoles». Imbroda dit ainsi craindre des conséquences de leur participation aux élections. La droite classique, tant à Ceuta qu'à Melilla, redoutent justement, dans les années à venir, un changement politique au profit des partis dirigés par des personnes aux origines marocaines et de confession musulmane. Le Parti Démocratique et Social de Ceuta, fondé en 1994, Union Démocratique de Ceuta, formé en 2002, et Coalition por Melilla, créé en 1995, sont les principales formations en vogue dans les rangs de la communauté musulmane des deux villes. Imbroda souhaite que sa proposition garantisse que «le drapeau espagnol endoie de manière puissante à Melilla». Un remède contre «les faiblesses propres (de Melilla) dues à sa situation géostratégique», a-t-il estimé.