Sans grand pompe, les Etats-Unis et l'Espagne ont prolongé d'une année supplémentaire la présence, qui expire en mai, des soldats américains dans les bases de Rota et Moron. Une annonce faite par le chef des armées, l'amiral Teodoro Calderón. La nouvelle est passée presque inaperçue à l'exception de quelques médias en Andalousie qui l'ont rapportée. Il n'y a pas eu de négociations directes entre les deux parties pour aboutir à cette conclusion. Madrid et Washington ont activé une clause dans l'accord de coopération militaire de 2013, prévoyant qu'après huit ans de son entrée en vigueur, la prolongation est activée automatiquement pour une année additionnelle. L'Espagne aurait souhaité une prolongation de quelques années de plus. Néanmoins, le nouveau ministre de la Défense américain, le général Lloyd Austin est en cours de préparation d'un plan de redéploiement des forces américaines installées à l'étranger. Le gouvernement espagnol avait déjà abordé cette question avec l'administration Trump à plusieurs reprises. Lors sommet de l'OTAN, organisé les 3 et 4 décembre 2019 à Londres, Pedro Sanchez avait proposé à l'ancien président Donald Trump de proroger le cadre de coopération militaire qui expire en mai 2021. La ministre de la Défense, Margarita Robles avait ensuite pris le relais avec l'ex-ministre de la Défense Mark Esper. Avec l'élection de Joe Biden, ce dossier a été au cœur des entretiens entre responsables des deux pays. D'abord le 2 février entre le conseiller à la sécurité des Etats-Unis, Jake Sullivan et Emma Aparci, la conseillère diplomatique en chef de Pedro Sanchez, le 16 février à l'occasion d'un appel téléphonique entre la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez et Antony Blinken et ensuite le 14 mai lors de la réunion virtuelle du ministre de la Défense, Lloyd Austin, avec son homologue espagnole, Margarita Robles. En Espagne, certains milieux redoutent les conséquences géostratégique, économique et militaire d'un éventuel transfert des troupes américaines en Espagne vers le Maroc. Dans son livre «Mémoires non-conformistes d'un politique de l'extrême centre», publié en 2019, l'ancien ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo (22 décembre 2011 au 4 novembre 2016) avait révélé que l'administration Bush avait examiné le projet de transférer ses deux bases militaires (Rota et Moron) installées sur le territoire espagnol vers le Maroc. L'accord de coopération militaire de 2013 entre Madrid et Washington a été signé sous le gouvernement de droite dirigé par Mariano Rajoy.