Selon des études réalisées par le ministère de l'Intérieur, le revenu net par hectare du cannabis pourrait atteindre environ 110 000 dirhams par an, ce qui pourrait dépasser les revenus de tous les produits agricoles du royaume. Devant la Commission de l'intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville, une synthèse d'études de faisabilité relative à la légalisation du cannabis a été présentée mardi. Elle a révélé que la superficie plantée a considérablement diminué depuis 2003, passant d'environ 130 000 hectares au début des années 2000 à moins de 50 000 hectares ces dernières années. Les études ont aussi montré que selon le dernier recensement agricole national de 2016, les parcelles de moins d'un hectare représentent environ 80% du nombre total de parcelles exploitées, et la superficie moyenne par famille s'élève à 1,25 hectare. Le nombre de personnes pratiquant cette agriculture encore illégale est estimé à environ 400 000 personnes, soit près de 60 000 familles, tandis que le revenu annuel total est passé d'environ 5,3 milliards de dirhams (500 millions d'euros) au début des années 2000 à environ 3,4 MMHD (325 millions d'euros) aujourd'hui, contre un nombre final de transactions en Europe qui est passé d'environ 128 MMDH (12 milliards d'euros) à environ 115 MMDH (10,8 milliards d'euros). L'étude a confirmé que l'agriculteur traditionnel est exploité par les réseaux de contrebande, de sorte qu'il ne prend que 3% du chiffre d'affaires final, contre environ 12% réalisé par un agriculteur sur le marché légal. Un impact sur l'environnement d'une activité menacée Le document a également précisé que la culture du cannabis conduit actuellement à une exploitation excessive des terres agricoles, en raison de l'abandon de la rotation agricole, l'épuisement des eaux souterraines sachant que cette région reçoit également la plus grande quantité de pluie au niveau national, ainsi que l'utilisation excessive d'engrais qui polluent les eaux souterraines et accélèrent le taux d'érosion. La culture du cannabis conduit également à la déforestation, avec un millier d'hectares par an détruits. Les experts estiment que 40% du couvert forestier de la région du nord a été perdu entre les années 1960 et 1980. Ces dommages se sont encore aggravés après l'introduction de variétés hybrides de la plante avec une productivité élevée et une plus grande teneur en THC. Les études ajoutent aussi que la légalisation du cannabis médical et récréatif, actuellement en cours en Europe et qui devrait couvrir la majeure partie du continent dans les dix prochaines années, menace le marché d'exportation des produits agricoles illégaux, qui représentent environ 80% de la production. Elles expliquent que des signes de cette menace ont commencé à apparaître il y a plusieurs années à cause de la baisse des prix du produit et des quantités vendues. Dépasser les revenus agricoles totaux actuels du Maroc Les études de faisabilité expliquent que le revenu net annuel du cannabis à usage médical pourrait avoisiner les 110 000 dirhams par hectare, soit une amélioration d'environ 40% par rapport aux recettes actuelles, le tout dans le cadre de «pratiques respectant les normes de l'agriculture durable». Quant aux marchés d'exportation, la synthèse met l'accent sur les perspectives en direction de l'Europe à l'horizon de 2028, selon deux hypothèses. La première cible 10% du marché du cannabis médical (4,2 milliards dollars sur un total de 42), alors que la seconde hypothèse concerne 15% du marché, soit 6,3 milliards de dollars et des revenus agricoles de 630 millions de dollars. «Cela permettra de dépasser les revenus agricoles totaux actuels (environ 400 millions de dollars par an), d'autant que ces revenus prospectifs ne tiennent pas compte du produit de la culture et de la transformation du cannabis à des fins industrielles», ajoute-t-on. Pour la législation, les marchés prioritaires pour le cannabis médical marocain sont l'Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l'Allemagne, avec des prévisions de 25 milliards de dollars/an à l'horizon 2028. Les mêmes études relèvent que la prise en compte du potentiel des marchés français et italien renforcera le volume du marché potentiel de 17 milliards de dollars, pour atteindre 42 milliards. La synthèse assure que «l'usage médical de cette plante permettrait de réduire un ensemble de risques liés à la contrebande et à la consommation de drogue, ainsi que ceux en lien avec la santé et à l'environnement». De plus, le développement de cette chaîne de production permettra au Maroc de devenir un exportateur de produits médicaux, pharmaceutiques et industriels.