L'évacuation d'urgence de Brahim Ghali en Espagne relance le débat sur sa succession. Les principaux prétendants pourraient être deux militaires, un civil ainsi qu'un jeune outsider, originaire de Mauritanie. L'hospitalisation d'urgence de Brahim Ghali, 73 ans, suite à une infection au Covid-19, en Espagne, relance la succession à la tête du Polisario. Une opération qui sera pilotée par l'armée algérienne, comme dans le cas de l'après Mohamed Abdelaziz, en tenant compte de certaines sensibilités tribales dans les camps de Tindouf. Le nom qui revient le plus à Tindouf est celui de Abdellah Lahbib Belal, qui dirige actuellement les renseignements. Il est considéré comme le chef de file des faucons opposés à la ligne politique prônée par Brahim Ghali. Le blocage du passage d'El Guerguerate, du 20 octobre au 13 novembre, lui a donné l'occasion de gagner des galons en imposant sa vision aux autres membres de la direction. Cet ancien «ministre de la Défense» est aussi le favori du chef de l'armée algérienne, le général Said Chengriha, pour son appartenance à la section algérienne de la tribu des Rguibates. Il est né à Tindouf et sa famille y a toujours vécu. Néanmoins, son principal handicap reste son état de santé. Souffrant d'un cancer, Belal est hospitalisé en Espagne depuis plusieurs semaines. Un civil, un militaire et un outsider Abdelkader Taleb Omar est également pressenti pour prendre les rennes du Polisario. L'actuel représentant du Front en Algérie, est le civil le mieux placé pour prendre les commandes du mouvement. Il avait été écarté de la «présidence du gouvernement» en 2018 par Ghali, après quinze années de services. Son nom avait déjà circulé avant le 15e congrès du Polisario de décembre 2019 pour succéder à Brahim Ghali, mais une fois de plus, il a été éliminé de la course par le secrétaire général du Front. Celui-ci avait posé la condition de l' «expérience dans les combats» contre les Forces armées royales pour pouvoir prétendre à diriger le Polisario. Si Abdelkader Taleb Omar ne jouit pas de la confiance de Ghali, il bénéficie en revanche de celle d'Alger. Les généraux algériens l'ont convaincu de rester malgré son limogeage en 2018 en lui proposant l'«ambassade» à Alger alors qu'il voulait s'installer définitivement en Mauritanie où une partie de sa famille réside déjà. Appartenant aux Oulad Dlim, son origine tribale constitue son principal talon d'Achille. En effet, depuis la création du Polisario, le poste du secrétaire général a toujours été dévolu aux Rguibates (Mustapha El Ouali, Mohamed Abdelaziz et Brahim Ghali). Mohamed Ibrahim Biadillah, alias Gregao, (le frère de Mohamed Cheikh Biadillah du PAM), a également ses chances. Il a l'avantage de descendre de la tribu de la section des Rguibates du Maroc. Il est le coordinateur de l'armée du Polisario après avoir dirigé les services des renseignements. C'est un sécuritaire de longue date qui peut se targuer d'avoir la confiance d'Alger. Aux côtés de ces trois grands prétendants, il y a un outsider : Oubi Bouchraya, qualifié de nouveau M'Hamed Khaddad (décédé en 2020), Tous deux sont Mauritaniens de la région d'Atar. Il est la figure montante dans les rangs du Polisario, et sillonne les plateaux de chaînes télé internationales pour défendre les thèses du Front.