Avant l'approbation par le conseil du gouvernement du projet de loi 13-21 relatif à l'usage légal du cannabis au Maroc, Saadeddine El Othmani a tenté de convaincre Abdelilah Benkirane d'assouplir sa position sur le texte, qui secoue depuis le mois de février, le parti au pouvoir. Le conseil de gouvernement, réuni ce jeudi à Rabat, a approuvé le projet de loi 13-21 relatif à l'usage légal du cannabis au Maroc. Le texte, qui vise à légaliser la culture du cannabis à des fins thérapeutiques, sera ainsi transmis au Parlement pour approbation finale. Le projet de loi 13-21 prévoit plusieurs mesures destinées à instaurer un cadre légal pour l'exploitation et l'usage de cette plante à des fins médicales et industrielles. Il s'agit notamment de la création d'une Agence nationale dédiée, qui aura pour objectif d'exécuter la stratégie de l'Etat et mettre les jalons d'une industrie. Présenté par le ministère de l'Intérieur, l'examen de ce texte a été reporté à deux reprises par le conseil du gouvernement. Pour cause, l'annonce de son examen a suscité une vive polémique au sein du PJD. Pour aplanir les différents, le chef du gouvernement et secrétaire général Saadeddine El Othmani a rendu visite, cette semaine, à Abdelilah Benkirane, l'un des premiers à exprimer son opposition, pour assouplir sa position quant à ce projet de loi. Calumet de la paix entre El Othmani et Benkirane ? Dans une déclaration à Yabiladi ce jeudi, Slimane El Amrani a confirmé cette rencontre, en précisant qu'El Othmani a rendu visite à Abdelilah Benkirane à son domicile à Rabat. «Je n'ai pas encore rencontré le secrétaire général pour savoir ce qui a été discuté lors de cette visite», précise-t-il. De son côté, l'ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a déclaré à Yabiladi que Saadeddine El Othmani lui a expliqué le contexte de ce projet de loi sur la légalisation du cannabis. «Mais nous n'avons pas discuté le contenu du projet de loi», enchaîne-t-il. L'ex-secrétaire général du PJD a ajouté que sa position sur le projet de loi présenté par le ministère de l'Intérieur n'a pas changé et «ne changera pas». «Ma position est toujours la même et je ne reculerai pas.» Abdelilah Benkirane Slimane El Amrani et Abdelilah Benkirane confirment ainsi l'information révélée par le quotidien Asharq al-Awsat qui a indiqué que la réunion s'est tenue mardi, en précisant que la réunion est intervenue dans le but «d'atténuer la crise dans laquelle le parti est entré en raison de la discussion par le gouvernement d'un projet de loi sur les usages du cannabis». Un texte qui secoue le PJD Début mars, Abdelilah Benkirane a menacé de geler son adhésion au parti si le secrétariat général de la formation politique approuve ce projet de loi, et de quitter le PJD si ses élus de la formation politique votent ce texte au Parlement. Sa réaction a encouragé d'autres membres du parti à réagir, comme Hassan Hamourou, membre du Conseil national du parti qui a déclaré qu'il partage la même position. Le secrétariat général du parti de la Lampe est également divisé sur cette question. Samedi, lors de sa réunion hebdomadaire, l'organe exécutif du parti a plaidé pour l'élaboration d'une étude d'impact» sur le projet de loi, «ouvrir un débat public à ce sujet» et «élargir les consultations institutionnelles à son sujet». Quelques jours auparavant et alors que le gouvernement a annoncé l'examen du texte controversé, le président du conseil national du PJD, Driss Azami El Idrissi a annoncé sa démission. «Malheureusement, je ne peux plus tolérer, comprendre et ne peux expliquer ou accepter ce qui se passe à l'intérieur du parti. Je ne peux pas le changer, et je ne peux le cautionner depuis ce poste», a-t-il indiqué. Une démission qui a coïncidé avec la republication, par Abdelilah Benkirane d'une intervention datant du 11 avril 2016 dans laquelle l'ancien chef du gouvernement condamnait des appels à la légalisation du cannabis par le PAM et l'Istiqlal.