A quelques jours de son examen par le Conseil du gouvernement, le projet de loi sur la légalisation du Cannabis provoque des divisions au sein de la majorité gouvernementale, dont l'ancien Premier ministre et ex secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, laisse planer la menace de démission en cas de vote favorable de cette loi. Le projet de loi sur la culture et l'usage légal du Cannabis, soumis à l'examen du gouvernement qui doit se prononcer le 4 mars, ne devrait pas manquer de provoquer, selon toute vraisemblance, des dissensions et divisions profondes au sein de la majorité actuelle. Plusieurs figures de la majorité opposées à cette réforme semblent prêtes à démissionner en cas d'adoption du projet de loi 13-21. Même des membres du Parti qui dirige le Gouvernement, le PJD, ont menacé de le quitter s'il est voté favorablement par leur groupe parlementaire à la Chambre des représentants. Ces deniers semblent emboiter le pas de l'ex Chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui n'a pas l'air favorable à l'éventualité de la légalisation du cannabis par l'Exécutif, dirigé par son propre parti. Dans une lettre, ayant largement circulé sur les réseaux sociaux, Abdelilah Benkirane a clairement fait savoir qu'il se retirera du parti si les députés de la majorité, et notamment ceux de sa propre formation politique, votaient en faveur du projet de loi controversé. D'autres militants du PJD ont approuvé la démarche de l'ex secrétaire général du Parti de la Lampe, Hassan Hamourou, par exemple, membre du Conseil national, qui a appelé ses « collègues », à rester attentifs à l'appel d'Abdelilah Benkirane, tout en s'engageant à quitter son parti, si la loi sur la légalisation du cannabis passait au Parlement. Le projet est actuellement dans sa phase embryonnaire, il sera examiné lors du Conseil du gouvernement qui se tiendra jeudi prochain, dont la décision est très attendue par une grande partie de la population. L'Opposition sereine De l'autre côté, l'opposition semble ouverte au débat sur la question épineuse de la légalisation de la culture du Cannabis. Le parti de l'Istiqlal en a demandé la légalisation en 2013, par la voix de son groupe parlementaire. Noureddine Moudian, chef des députés istiqlaliens à la Chambre des représentants, estime que l'ouverture de ce dossier a beaucoup tardé, précisant qu'elle est d'autant plus essentielle qu'il faut régler les problèmes sociaux économiques que rencontrent les personnes qui vivent de la culture du cannabis. « Les agriculteurs n'ont aucune alternative économique et vivent dans l'extrême pauvreté puisqu'ils peinent à vendre leurs productions, à cause de la criminalisation de leur commercialisation », a-t-il déclaré à L'Opinion, ajoutant que le projet de loi en préparation, doit être conçu en concertation avec les agriculteurs, la société civile et les élus. Le député istiqlalien propose également de légaliser la culture de Cannabis, tout en limitant la surface des terrains, avec une amnistie accordée aux agriculteurs poursuivis judiciairement. Rappelons que projet de loi 13-21 vise à légaliser la culture et la commercialisation du cannabis à des fins thérapeutiques et médicales. Il prévoit la mise en place d'une Agence nationale de régulation de toutes les activités relatives à cette culture, et notamment celles relatives à commercialisation, y compris les opérations d'import et export.