De l'eau dans le gaz des relations Etats-Unis / Arabie saoudite. Après les coups de semonces sur la guerre au Yemen, l'administration Biden sonne la charge contre Mohamed Ben Salman visé dans le meurtre de Jamal Khashoggi. Le président Joe Biden a autorisé la publication d'un rapport des renseignements des Etats-Unis sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, commis le 2 octobre 2018 dans le consulat de son pays en Turquie. Le document intitulé : «Evaluation du rôle du gouvernement saoudien dans le meurtre de Jamal Khashoggi» pointe en effet la responsabilité du prince héritier, Mohamed Ben Salman dans le crime. «Nous estimons que le prince héritier d'Arabie saoudite Mohamed Ben Salman a approuvé une opération à Istanbul, en Turquie, pour enlever ou tuer le journaliste», lit-on dans le rapport. Une conclusion qui s'appuie sur certains faits : «le contrôle du prince héritier sur la prise de décision dans le Royaume, l'implication directe d'un conseiller clé et des membres [de son entourage] dans l'opération.» «Depuis 2017, le prince héritier exerce un contrôle absolu sur la sécurité du royaume et les organisations de renseignement, ce qui rend hautement improbable que les responsables saoudiens aient effectué une opération de cette nature sans l'autorisation du prince héritier.» CIA Le groupe chargé de l'exécution de la mission en Turquie «comprenait des fonctionnaires qui travaillaient ou étaient associés au Centre saoudien d'études et des affaires médiatiques (CSMARC) au palais royal. Au moment de l'opération, le CSMARC était dirigé par Saud al-Qahtani, un proche conseiller de Mohamed Ben Salman, qui a publiquement déclaré à la mi-2018 qu'il ne prenait de décisions sans l'approbation du prince héritier». Riyad rejette les accusations «L'équipe comprenait également sept membres du service de protection individuelle d'élite de Mohamed Ben Salman, connu sous le nom de Force d'intervention rapide (RIF). Le RIF est placé sous l'autorité de la Garde royale saoudienne ayant pour mission de protéger le prince héritier, ne répond que de lui et avait directement participé à des opérations antérieures de répression des dissidents dans le Royaume et à l'étranger sous la direction du prince héritier. Nous jugeons que les membres du RIF n'auraient pas participé à l'opération contre Khashoggi sans l'approbation de Mohamed Ben Salman». Comme il fallait s'y attendre, le gouvernement saoudien vient de «rejeter catégoriquement les conclusions abusives et incorrectes contenues dans le rapport sur le leadership du Royaume et ne peut en aucun cas être accepté ; le rapport comprent un ensemble d'informations et d'autres conclusions incorrectes», indique le ministère des Affaire étrangères dans un communiqué. La même source rappelle que la justice saoudienne a déjà condamné les accusés dans le meurtre de Jamal Khashoggi. Et de conclure en précisant que «le Royaume rejette toute question qui porterait atteinte à sa direction, à sa souveraineté et à l'indépendance de son pouvoir judiciaire». La publication de ce rapport a été précédée par l'entretien téléphonique entre le président Joe Biden et le roi Salman. Dans son discours du 4 février, prononcé depuis le siège du Département d'Etat, le nouveau locataire de la Maison blanche a mis l'accent sur le respect des Droits de l'Homme et annoncé l'organisation prochainement d'un sommet mondial consacré à ce sujet qui se tiendra aux Etats-Unis.