Selon l'hebdomadaire catholique La Vie, qui cite une étude réalisée par l'Institut de sondage «OpinionWay-Fiducial» pour le compte du quotidien Le Figaro, les musulmans de France auraient plébiscité à 93% pour l'investiture de François Hollande, ou contre le maintien de Nicolas Sarkozy, à la tête de la présidence la République Française. Effet boomerang ou ironie du sort, il semblerait que le président sortant ait inventé, malgré lui, une forme nouvelle de vote communautaire : le vote halal, le vote anti-Sarkozy. Le raz de marée musulman aura finalement eût raison des digues de l'islamophobie décomplexée incarnée par la politique sarkozyste. 93%, ce serait en effet, selon une étude réalisée par l'institut de sondage «Opinion Way» pour le compte du journal Le Figaro, le pourcentage de musulmans de France qui auraient voté pour François Hollande – ou plutôt, contre Nicolas Sarkozy – au second tour de l'élection présidentielle qui s'est tenue le 6 mai dernier dans l'hexagone. L'hebdomadaire religieux résume ainsi que : «selon [cette] étude du corps électoral menée […] sur 10.000 votants, 93% des pratiquants ont glissé un bulletin "François Hollande" dans leur enveloppe [alors que] seuls 7% d'entre eux ont voté pour Nicolas Sarkozy» le jour de l'élection. Une autre enquête, menée quant à elle par l'institut de sondage TNS Sofres pour le réseau Sciences Po, et publiée dans un article du Figaro du 7 Mai, fait également état «d'un vote musulman très nettement orienté à gauche» avec un pourcentage de vote en faveur du candidat socialiste néanmoins inférieur : il ne s'élève «qu'» à 85%. Cet article nuance la hauteur de ce pourcentage en rappelant par ailleurs que «l'abstention a été nettement plus forte [au sein de la communauté musulmane] que dans la moyenne de la population». En dépit des divergences des résultats affichés, ceux-ci restent incontestablement très élevés, révélant l'adhésion massive des musulmans au parti de gauche, à sa politique et à la personnalité du candidat qui l'incarne. «Les musulmans que nous avons interrogés mettent l'égalité au centre de leurs revendications. Ils souhaitent être traités de la même façon que l'ensemble de la population, et c'est plutôt la gauche qui peut leur assurer cela», justifie le directeur d'étude chez OpinionWay, Julien Goarant. C'est pourquoi les musulmans de France ont plébiscité massivement pour l'investiture de François Hollande à la tête de l'Etat français, un François Hollande qui a su jouer avec efficacité la carte des rassembleurs, psalmodiant l'égalité des droits et la justice sociale sans cesse. Mais bien davantage qu'une adhésion aveugle à sa personnalité ou à sa politique, c'est le rejet absolu de celle de son adversaire politique, Nicolas Sarkozy, qui a été le véritable fer de lance du plébiscite des musulmans en faveur du candidat de gauche. Plus qu'un vote d'adhésion, un vote de rejet total En décidant de virer encore davantage le curseur de sa campagne électorale vers l'extrême-droite, dont il lorgnait l'électorat, Nicolas Sarkozy a définitivement réussi à se mettre à dos la communauté musulmane de France durant l'entre-deux tour. C'est le rejet de sa politique de stigmatisation, passant par des rapprochements volontaires et fallacieux entre l'Islam et le communautarisme, et leur écœurement face «au flirt incessant de l'UMP avec le FN», que les musulmans ont exprimé en se rendant aux urnes le 6 mai dernier. «C'est la marque d'un véritable rejet de Nicolas Sarkozy», explique Julien Goarant. «Ils ne veulent plus de son discours qui, selon eux, a stigmatisé leur communauté et beaucoup instrumentalisé leur religion», ajoute-t-il. C'est d'ailleurs avec un grand soulagement que de nombreux musulmans ont découvert qu'il n'avait pas été réélu : «Sarkozy, c'est fini !» s'est réjoui Samy Debah, président du collectif contre l'islamophobie de France (CCIF) au lendemain de l'élection présidentielle dans une interview accordée au site SaphirNews. Sa chute marque, selon lui, une ère de renouveau dans l'image et le statut incarné par la communauté musulmane de France. Mais surtout, elle représente «l'espoir de voir s'arrêter les discours qui ont divisé les Français pendant cinq ans et cette mise au pilori de la communauté musulmane, remettant en cause presque quotidiennement la présence musulmane dans notre pays». Il est vrai qu'au travers de discours forçant délibérement à l'amalgame ou à la création de fausses polémiques sur de faux sujets (par exemple, les horaires de piscine séparés entre les hommes et les femmes), il semblerait que Nicolas Sarkozy ait, malgré lui, réussi à inventer le contraire de ce contre quoi, tout au long de sa campagne, il était montée au créneau, à savoir: le vote communautaire, le vote religieux, le vote «halal»; bref, le vote anti-Sarkozy.