Mois de 24 heures après la victoire à l'élection présidentielle de François Hollande (cf notre article), la droite et le Front National jouent aux trouble-fêtes. Les deux camps ont déploré ce matin lundi 7 mai la présence de drapeaux maghrébins et étrangers hier sur la place de la Bastille célébrant la victoire de François Hollande. C'est Nadine Morano, la ministre de l'Apprentissage qui a été la première à exprimer son indignation à la vue de tous ces drapeaux étrangers brandis place de la Bastille hier où une foule était venue fêter la victoire de François Hollande à la présidence. «J'ai ressenti un drôle de sentiment hier soir lorsque je regardais la télé, mis à part le discours creux de François Hollande, c'était de voir la place de la Bastille avec très peu de drapeaux bleu, blanc, rouge, beaucoup de drapeaux rouges, et puis également beaucoup de drapeaux étrangers», a-t-elle déclaré ce matin sur Europe 1. Ensuite, le Front National en a remis une couche. «J'ai été hier assez surpris de voir autant de drapeaux étrangers saluer la victoire de M. Hollande (…) J'ai vu beaucoup de drapeaux algériens, ce qui prouve bien que la communautarisation de la société française n'est pas une vue de l'esprit mais une réalité» a relevé de son côté Louis Aliot, vice-président du FN sur France Info, précisant que des drapeaux étrangers étaient également présents lors de la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 et celle de Jacques Chirac en 2002. La Bastille transformée en place Tahrir Louis Aliat fait une fixation sur les drapeaux algériens, mais d'autres étaient également brandis sur la place parisienne, notamment des drapeaux marocains, de clubs de foot marocains, tunisiens, égyptiens, italiens, grecs, espagnols ou portugais mais aussi et «surtout des drapeaux bleu-blanc-rouge», comme l'indique Hela Khamarou, blogueuse franco-irakienne pour le Nouvel Observateur +. «Un ami m'a d'ailleurs fait la réflexion, dans cette foule compacte et multicolore : peut-être que ce 6 mai était-ce notre Printemps arabe à nous ? Peut-être que la Bastille était notre place Tahrir à nous, Français de tous milieux, tous âges et toutes origines?», se demande-t-elle. Réaction du PS Du côté du parti socialiste, Manuel Valls a réagi à cette polémique. «Ce n'est pas à Nadine Morano d'expliquer qui est Français et qui ne l'est pas !» a lancé le directeur de la campagne de François Hollande ce matin sur Europe 1. «Il y a un sentiment de double appartenance qui existe. La Marseillaise a été entonnée par ces dizaines de milliers de citoyens, dont les jeunes des banlieues, ça m'a pris aux tripes. J'ai ressenti chez eux la fierté d'être français. Je n'avais jamais vu ça sauf dans les stades de foot, et encore. Nous sommes tous Français", a-t-il ajouté. «Nadine Morano est dans une provocation extrême. La véritable question qu'il faut se poser est pourquoi ces jeunes ont repris le drapeau de leur pays d'origine à la place de la Bastille.», s'interroge Kamel Chibli, membre du PS et Maire adjoint à Lavelanet contacté cet après-midi par Yabiladi. Pour lui, il y a deux explications possibles. La première est que ces jeunes sont fiers de leur double culture. La seconde est parce qu'à un moment ou à un autre, les institutions françaises n'ont pas réussi à rendre fiers ces jeunes à être des citoyens français. «A force de stigmatiser une communauté comme on l'a vu avec la droite de Sarkozy, les membres de cette communauté vont se recroqueviller sur eux-mêmes et se regrouper entre eux. C'est humain. Ce que les institutions françaises doivent faire à l'avenir est de leur expliquer leur origine et d'où ils viennent et comment la France s'est construite avec leurs parents pour que ces générations comprennent la signification d'être Français.», conclut-il.