Nadine Morano a longtemps été une des porte-parole les plus passionnées du candidat Sarkozy avant d'être écartée pour cause de virulence incontrôlée. Nadine Morano doit une fière chandelle à la cacophonie gouvernementale sur la carte «famille nombreuse» des chemins de fer français. Ce débat aura permis une vraie entrée politique en la matière de la nouvelle secrétaire d'Etat à la Famille nommée par Nicolas Sarkozy au lendemain des élections municipales perdues par la droite. Un débat débuté comme un cafouillage organisé, lorsqu'en pleine discussion sur le pouvoir d'achat des Français et l'indispensable urgence de faire subir à l'Etat un régime amaigrissant, un membre du gouvernement propose la suppression pure et simple de cette carte qui accorde certains avantages aux familles nombreuses dans leur usage quotidien du rail. La polémique a été résumée avec ironie par le député socialiste Jean-Louis Bianco lorsqu'il affirme qu'à propos «la carte famille nombreuse de la SNCF, Dominique Bussereau déclare qu'elle «va certainement disparaître», Jean-Louis Borloo affirme qu'elle «sera maintenue d'une manière ou d'une autre», Jean-François Copé évoque «un plafond de ressources», Nadine Morano parle de la «développer». Jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy tranche sur la question : «La carte famille nombreuse est maintenue» et les tarifs sociaux de la SNCF relevant de la politique familiale, «l'Etat continuera donc à les prendre en charge». Ce va et vient sur «la carte familiale» a permis à Nadine Morano de faire sa vraie première apparition dans le débat politique français. Elle s'est positionnée comme l'avocate de la veuve démunie et de l'orphelin. Nadine Morano a longtemps été une des porte-parole les plus passionnées du candidat Sarkozy avant d'être écartée pour cause de virulence incontrôlée. Durant la campagne des présidentielles, elle s'était fait remarquée en s'imposant incognito à une réunion sur le handicap à laquelle devait participer la candidate socialiste Ségolène Royal. Même confrontée par un journaliste de I-télé, la chaîne d'information de Canal+, aux images des caméras de l'émission «Envoyé spécial» la montrant en train d'ourdir son coup dans le menu détail, elle trouve les ressorts internes de nier avec un inqualifiable aplomb. Tout Nadine Morano se trouve dans cette posture. Un langage cru à faire pâlir de jalousie les poissonnières, un culot d'adolescente mal lunée et des prises de postion à contre-courant de sa famille politique sur des sujets aussi sensibles que l'euthanasie ou l'homoparentalité. Ses portraitistes soulignent volontiers ses origines modestes, avec un père chauffeur de pois lourds et une mère standardiste dans une entreprise de taxis. Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargé des Banlieues l'avait traitée de «Castafiore» suscitant une réponse cinglante : «Je suis caricaturée. Quand je reçois un jeune des cités, je fais tout pour le sortir de son milieu. Je lui dis de retirer sa capuche, de quitter son jogging. Fadela n'aurait pas dû employer le terme «à donf». Mais elle n'a pas assez d'expérience politique pour prendre du recul». Sa nomination au gouvernement, après son échec aux élections municipales, fut longtemps commentée par des observateurs politiques comme une forme d'ouverture de Nicolas Sarkozy vers les vrais gens qui ressemblent aux Français moyens dans leurs manières d'agir et de réfléchir. Beaucoup voient dans l'arrivée de Nadine Morano au gouvernement Fillon III comme une récompense de Nicolas Sarkozy à une fidélité à toute épreuve. Nicolas Sarkozy éprouve une gratitude manifeste à l'égard de Nadine Morano. N'est-elle pas une des rares dans la galaxie UMP à lui rester fidèle alors qu'il traversait le desert de l'impopularité à cause de ses déboires conjugales et de ses fréquentations people ? Elle avait sans aucun doute forcé l'admiration de l'Elysée lorsqu'en plein débat sur la rétention de sûreté, elle avait traité ceux qui s'opposaient à cette loi «d'assassins». Nadine Morano raconte à qui veut l'entendre comment elle avait appris sa nomination. Ce fut un travers un coup de téléphone aussi bref que surprenant du président de la république : «C'est Nicolas, je voulais te dire que tu feras partie du gouvernement». L'histoire ne dit pas avec quel langage fleuri cette titulaire d'un DESS d'information de communication et organisation des entreprises, âgée de 45 ans, avait fêté la bonne nouvelle.