Le Parti socialiste de François Hollande, qui voyait ses meilleurs éléments se morfondre dans l'attente d'un coup de téléphone salvateur de l'Elysée, a subi de plein fouet le choc de cette stratégie. Pendant de longs mois, l'ouverture politique qu'a pratiquée Nicolas Sarkozy en direction de ses adversaires politiques de gauche et de la société civile a été la grande auréole de son début de quinquennat. L'image est encore fraîche dans les mémoires du président de la république, gonflé à bloc se pavanant sur les estrades, se vantant d'être celui qui a su le mieux utiliser les ressources humaines du Parti socialiste. Ce dont les grandes consciences de gauche ont toujours rêvé, le machiavélique Nicolas Sarkozy vient de le réaliser. Ce qui lui avait valu une admiration sans limites dans les pays européens et des articles dithyrambiques dans la grande presse américaine.Nicolas Sarkozy qui était perçu comme un homme de droite sectaire et autoritaire et dont les idées et les réflexes naturels flirtaient allégrement avec la philosophie de l'extrême droite est devenu, par la grâce de cette ouverture, le symbole du «vivre» et du «gouverner» ensemble. Le Parti socialiste de François Hollande, qui voyait ses meilleurs éléments se morfondre dans l'attente d'un coup de téléphone salvateur de l'Elysée, a subi de plein fouet le choc de cette stratégie. L'UMP de Patrick Devedjian, tout en saluant la roublardise du geste, ironise à mort sur sa portée : «je suis pour l'ouverture…y compris vers les Sarkozytes», avait-il lancé dans un grand éclat de rire jaune. C'était l'instant paradisiaque où tout ce que touchait l'enfant prodige de la politique française, Nicolas Sarkozy, se transformait en or. L'ouverture était devenue un argument tellement vendeur qu'il s'est naturellement imposé comme une arme de séduction et de persuasion pour les amis arabes et américains du nouveau locataire de l'Elysée. Avec ses ministres de gauche arborés fièrement en bandoulière, Nicolas Sarkozy se permettait ce luxe rare de donner un coup de vieux à ses prédécesseurs comme le cynique froid François Mitterrand ou l'opportuniste virevoltant Jacques Chirac. Puis vint l'automne des déceptions. «La France en faillite», constat lancé nonchalamment par le Premier ministre François Fillon. Et «Les caisses sont vides», l'aveu consenti de Nicolas Sarkozy, conjugué à un mode de gouvernance discutable, ont fini par assombrir le tableau. Les enquêtes d'opinion commençaient à apporter leur moisson de mauvaises nouvelles jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy dévisse dangereusement dans les sondages. La défaite aux municipales était venue amplifier magistralement cette disgrâce. Plus personne aujourd'hui ne parle de cette fameuse ouverture malgré les nombreuses déclarations du président de la république de la continuer. Dans les ajustements ministériels qu'il vient d'apporter au gouvernement Fillon III, Nicolas Sarkozy donne l'impression qu'il veut se recroqueviller sur sa famille politique d'origine et tenter de réparer certains dégâts. Certaines personnalités qu'il a choisies pour intégrer les secrétariats d'Etat sont de fervents «Sarkozyste». Nadine Morano, ancienne porte-parole de l'UMP a été nommée à la tête d'un secrétariat d'Etat à la Famille. Elle s'était fait distinguée lors des présidentielles par ses opérations et ses descentes coup de poing contre les meetings de Ségolène Royal.Un autre porte-parole de l'UMP, Yves Jégo, devient secrétaire d'Etat à l'Outre mer. Pour les télévisions et les radios ,Yves Jégo est reconnaissable à ses prises de postions et sa défense tous azimuts de Nicolas Sarkozy quel que soit le sujet abordé sur le style brejnévien «le président a toujours raison. Le président est toujours sur la bonne voie». Un autre proche de Nicolas Sarkozy rejoint l'équipe de François Fillon, il s'agit d'Alain Joyandet, secrétaire d‘Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie. A travers ces nominations, Nicolas Sarkozy tourne manifestement le dos à sa politique d'ouverture. Il aurait été certes malvenu et difficile à expliquer de confier des responsabilités à de personnalités de gauche comme Claude Allègre ou Jack Lang alors que les socialistes viennent de réaliser un bel exploit dans les municipales. Cette situation met, en outre, dans l'embarras tous les ministres de gauche qui avaient répondu aux sirènes de la majorité présidentielle. Les craquements de l'édifice vont bientôt commencer à se faire entendre.