Ces élections régionales ne comportent pas obligatoirement un message national qui l'obligerait à revoir l'ensemble de sa stratégie et à réécrire la totalité de sa partition politique. à la veille du second tour des élections régionales où la majorité présidentielle a subi un des revers les plus parlants, la politique en France ne bruit que par cette tranchante interrogation : le président de la République Nicolas Sarkozy va-t-il entendre la malaise des urnes exprimé par le triomphe de la gauche et des abstentionnistes et opérer le grand changement attendu ? Ou va-t-il s'enfermer davantage dans cette religion du déni dont il a lui-même lancé les fondements comme un moyen de riposte pour empêcher l'adversaire de creuser l'écart ? A lire ses dernières déclarations publiques, Nicolas Sarkozy semble ferré sur une certitude. Ces élections régionales ne comportent pas obligatoirement un message national qui l'obligerait à revoir l'ensemble de sa stratégie et à réécrire la totalité de sa partition politique. Lui-même s'employait à populariser cette idée selon laquelle il s'agissait d'un piège de la gauche pour donner à ce scrutin une ampleur nationale. Même s'il lui arrivait d'être pris en flagrant délit de contradiction, il possédait encore les ressorts de nier les évidences. A titre d'exemple, cette interrogation posée de manière malicieuse par l'opposition : comment continuer à parler d'un test régional qui ne touche en rien l'exécutif national dont dix-sept ministres du gouvernement de François Fillon sont engagés dans cette bataille des régionales dont certains sont directement coachés par l'Elysée. Avant même les résultats définitifs du second tour, Nicolas Sarkozy semble avoir perdu, en terme de crédit, une manche précieuse. Et cette perte de crédit se fait à plusieurs niveaux. Premier élément de cette défaite, avant les régionales, seul le Parti socialiste et la gauche souffraient d'une absence de leadership et d'une guerre ouverte des ego. Aujourd'hui, signe des temps nouveaux, cette problématique se pose aussi à droite. Alors que Nicolas Sarkozy s'imposait naturellement comme le seul capable au sein de la majorité présidentielle de décrocher un second mandat, l'évidence incontournable d'hier n'est plus aussi évidente aujourd'hui. Second élément du désaveu qui semble frapper de plein fouet Nicolas Sarkozy, celui qui touche sa politique d'ouverture.Il s'est longtemps targué de pratiquer cette politique avec l'objectif assumé d'affaiblir l'adversaire et de semer la zizanie dans ses rangs. Cela avait marché pendant un certain temps lorsque de nombreuses personnalités de gauche étaient rivées à leurs téléphones à attendre une proposition de service de l'Elysée. Aujourd'hui, avec les performances électorales de la gauche, l'exercice de l'ouverture a montré qu'il n'a, strictement, servi à rien sauf à satisfaire quelques caprices et à assouvir quelques faits du Prince à la magie passagère et évanescente et a même déteint sur son artisan. Bilan de cette ouverture : plus de dégâts que de bénéfices. Le troisième élément de cette défaite symbolique de Nicolas Sarkozy est à trouver dans l'effet mobilisateur qu'elle a insufflé dans son opposition. Si la gauche va se sentir pousser des ailes, l'espoir chez les challengers à droite de Nicolas Sarkozy comme Dominique de Villepin, Jean-François Copé, Alain Juppé et même François Fillon, en sortira aiguisé.