Martine Aubry, Cécile Duflot et Marie-George Buffet, qui dirigent les trois principaux partis d'opposition, ont appelé jeudi les Français à adresser une "bonne gauche à la droite" au deuxième tour des régionales. Toutes à leur "bonheur" d'avoir rassemblé la gauche, les trois chefs de file ont fait mine d'éluder les questions sur l'avenir de leur alliance électorale, mais la prochaine élection présidentielle de 2012 est déjà dans toutes les têtes à gauche. La gauche, qui présente des listes communes quasiment partout en France pour le second tour, sauf en Bretagne et dans le Limousin, espère dimanche amplifier le message du premier tour, qui a vu l'UMP arriver en deuxième position derrière le PS. La droite pourrait perdre les deux dernières régions qu'elle dirigeait depuis 2004, l'Alsace et la Corse. "Nous sommes graves et sérieuses parce que ce deuxième tour est décisif pour les Français", a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste, installée avec ses partenaires à la table d'un café parisien pour une conférence de presse commune. "Il faut que dimanche le message soit renforcé pour que le président change de politique et que nos régions soient renforcées", a ajouté Martine Aubry. La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a déjà le regard tourné vers la journée de mobilisation interprofessionnelle pour la défense de l'emploi, du pouvoir d'achat et des retraites du 23 mars. "Mobilisez vous le 21 mars pour avoir une gauche plus forte le 22 et le 23", a-t-elle dit. "Il faut donner une bonne gauche à la droite", a-t-elle ajouté, reprenant le slogan de campagne du Front de gauche. "La victoire, il faut qu'elle soit totale". Au bout des urnes, 2012 Mercredi soir, Martine Aubry a enterré la "gauche plurielle", formée entre 1997 et 2002 sous la houlette de Lionel Jospin, dernier Premier ministre de gauche en date, pour lui substituer la "gauche solidaire", célébrant des retrouvailles de bon augure pour la gauche avant la prochaine présidentielle. Derrière le rassemblement électoral du printemps 2010, que la droite accuse d'être un partenariat de façade, chaque camp a ses proches échéances sur la route vers 2012. Lundi, jour anniversaire de l'occupation de la faculté de Nanterre, prologue de Mai-68 dont il fut une des figures emblématiques, Daniel Cohn-Bendit et une série de dirigeants écologistes doivent lancer dans Libération un appel pour "réfléchir sur l'après-régionales". De leur côté, les socialistes s'attellent après les régionales à la rédaction de leur projet pour 2012. Ils ont proposé aux autres partis de gauche, pour l'instant sans beaucoup de succès, l'organisation de "primaires ouvertes" en vue de la présidentielle. "Nous sommes favorables à tout ce qui peut nous aider à éviter la dispersion qui nous a été fatale dans le passé (...) La volonté du Parti socialiste, c'est de construire une nouvelle gauche qui soit en capacité de gagner l'élection majeure", a expliqué le porte-parole du PS, Benoît Hamon, sur France 2. Pour Martine Aubry, "l'essentiel nous rassemble". "Nous, nous sommes pluralistes mais rassemblés", a-t-elle assuré, lançant un message à l'UMP, où les dissensions se multiplient depuis le revers électoral du premier tour. A trois jours du deuxième tour, l'urgence est à la mobilisation. "Avant 2012, il y a 2010", a-t-elle martelé, à l'unisson avec Cécile Duflot. Pour l'heure, a-t-elle insisté, "il ne faut pas vendre la peau de l'ours. Nous sommes en campagne pour les régionales" et la gauche ne doit pas "céder à l'obsession bien française" de la présidentielle. Des sondages plus que favorables La gauche serait largement majoritaire au second tour des élections régionales dimanche avec 56% des voix, mais l'abstention progresserait à 55% des inscrits, selon un sondage CSA publié par Le Parisien vendredi. Les listes de la droite parlementaire obtiendraient 36% au plan national, un score historiquement faible. Les listes du Front national, présentes dans 12 des 22 régions métropolitaines, obtiendraient 7% des voix au plan national, score qui serait de 14% si l'on ne compte que les régions où il se présente. Le sondage a été réalisé les 17 et 18 mars auprès d'un échantillon de 839 personnes sélectionné selon la méthode des quotas. Au premier tour des élections, l'abstention était de 53,5%, un score record pour les régionales.