Nadine Morano a brusquement donné au débat sur l'identité nationale une coloration particulière et donné aux détracteurs de ce débat des arguments d'attaque extrêmement pertinents. S'il y avait un prix à recevoir à l'issue de ces débats sur l'identité nationale, Nadine Morano, la secrétaire d'Etat à la Famille, recevrait celui de la pyromanie, avec un excès de zèle assumé. Alors que ce grand débat national initié par Eric Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale commençait à piétiner lourdement dans un torrent de haine et de xénophobie et alors que les communicateurs de l'Elysée s'échinaient à le distinguer d'un banal débat à usage électoral sur le contrôle de l'immigration, voilà que Nadine Morano avec son langage châtié d'une poissonnière de Belleville y met un feu difficile à éteindre. Objet de la controverse, l'intervention de Nadine Morano dans un de ces nombreux débats organisés dans les mairies et les préfectures sous la thématique fort alléchante «Qu'est-ce qu'être français aujourd'hui ?». Elle vise particulièrement une catégorie de Français qui sont issus de l'immigration. Et Nadine Morano de commettre ce dérapage incontrôlé : «Ce que je veux, c'est qu'il se sente français lorsqu'il est français. Ce que je veux, c'est qu'il aime la France quand il vit dans ce pays, c'est qu'il trouve un travail, et qu'il ne parle pas le verlan. C'est qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers». Par cette sortie largement diffusée sur Internet, Nadine Morano a brusquement donné au débat sur l'identité nationale une coloration particulière et donné aux détracteurs de ce débat des arguments d'attaque extrêmement pertinents. Il y a eu de nombreuses tentatives pour tuer dans l'œuf toute critique ou contestation qui mettrait en danger un débat que Nicolas Sarkozy a voulu salvateur. Nadine Morano a elle-même dénoncé la malhonnêteté intellectuelle d'une gauche-caviar à vouloir instrumentaliser quelques phrases sorties de leur contexte. Il y avait la montée au créneau de toute la hiérarchie de l'UMP pour défendre Nadine Morano sur le thème : la fraîcheur de son langage est le fruit de sa situation d'une fille elle-même issue des quartiers ouvriers et qui connaît toute la difficulté de cette population à s'intégrer dans le monde de l'entreprise. Mais aucune tentative ne parvint à éteindre ce feu qui anime les opposants à ce débat sur l'identité nationale. A cause d'elle, Nicolas Sarkozy affronte aujourd'hui des demandes de plus en plus pressantes d'arrêter ce débat sur l'identité nationale. De la part de la gauche, c'était attendu. Mais de la part de sa propre famille politique, cela devient de plus en plus problématique. Nadine Morano n'est pas à son premier coup d'éclat. Sa dernière prestation dans ce domaine fut lorsqu'elle se présenta comme candidate pour dire à Rama Yade, la jeune secrétaire d'Etat aux Sports qui montra quelques réticences à rentrer dans le rang, quelques vérités dures à entendre. Elle lui a dit, de la part du président Sarkozy, qu'elle doit choisir entre «fermer sa gueule» ou partir. Nadine Morano, qui campe volontiers le personnage de «Madame sans-gêne» du gouvernement, a été vue se livrer à un déhanché endiablé dans le clip des jeunes UMP qui vient de connaître un succès planétaire à cause de la brochette de ministres qu'il a alignée comme des aficionados du karaoké d'un pluvieux et gris dimanche après-midi.