Six ressortissants marocains détenus dans les prisons belges devront purger leur peine au Maroc, a annoncé, mercredi, la ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom. Cette mesure qui rentre dans la cadre de la coopération entre les deux pays ne fait pas l'unanimité. Le Maroc a accepté de recueillir six de ses ressortissants détenus dans les prisons belges. Ils continueront de purger leur peine au Maroc, selon des indications de la ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom, rapporte RTL.be. Cette mesure rendre dans le cadre du Traité organisant le retour dans leur pays d'origine des Marocains condamnés en Belgique. Le gouvernement belge avait transmis 10 cas au royaume chérifien qui n'en a retenus que six. Le 11 avril, Mme Turtelboom, en compagnie du ministre belge des Affaires étrangères, s'était rendue à Rabat pour discuter des modalités de rapatriement de ces Marocains. A cette occasion, une plaisanterie d'Abdelilah Benkirane avait failli virer à l'incident diplomatique : il avait traité la ministre belge d'interprète. Ces premiers rapatriements de condamnés relèvent d'une politique globale mise en œuvre par la Belgique afin de répondre à la problématique de la surpopulation carcérale dans le royaume belge. Une pratique qui s'avère également être, à terme, une stratégie indirecte de réduction de l'immigration. M. Turtelboom a annoncé que des traités similaires à celui signé avec le Maroc verront le jour sous peu avec d'autres pays comme le Congo, le Kosovo, la République dominicaine, le Brésil et l'Albanie. «Beaucoup d'injustice dans cette décision» Ce traité a indigné les associations de défense des droits de l'homme. «C'est grave comme décision, s'alarme Khadija Riyadi, présidente de l'AMDH, parce que normalement les personnes condamnées doivent purger leur peine dans leur pays de résidence. C'est inacceptable, tant pour le gouvernement belge qui met en place une telle mesure, que pour le Maroc qui l'accepte. Même s'ils sont coupables, les prisonniers ont des droits qui doivent être respectés». Pour la défenseure des droits de l'homme, il faut également prendre en considération les conditions de détention qui sont beaucoup plus dégradantes au Maroc. Il y a «beaucoup d'injustice dans cette décision», conclut Mme Riyadi. Côté belge, depuis l'année dernière, les organisations de défense des droits de l'homme s'indignent face à cette disposition, décriant «l'état déplorable des prisons marocaines». Ces mêmes conditions de détention ont poussé la Cour européenne des droits de l'Homme [CEDH] à condamner la France en 2010, après que celle-ci ait rapatrié un Marocain dans son pays d'origine pour y purger sa peine. L'instance des droits de l'homme avait parlé de «dommage moral», puisque le ressortissant marocain avait passé toute sa vie dans l'hexagone avec ses parents qui détenaient la nationalité française. Les ministères marocains de la Justice et des Affaires étrangères, restés injoignables toute la matinée, ne se sont pas encore expliqué pourquoi la totalité des dix dossiers n'a pas été acceptée par la Maroc, ni sur les délits commis par ces ressortissants.