Les médias espagnols fulminent contre le gouvernement après une baisse du débit de gaz laissant les ménages confrontés à une vague de froid glacial sans système de chauffage adéquat et mettant en doute les promesses de l'Algérie. Le journal espagnol Okdiario a rapporté que les garanties du Premier ministre espagnol concernant le flux régulier de gaz étaient trop politiques et ignoraient la réalité de la dépendance espagnole vis-à-vis d'un partenaire énergétique peu fiable : l'Algérie. Les experts ont averti que le gazoduc Medgaz avait déjà atteint une capacité maximale de 8 milliards de mètres cubes et que la fermeture du gazoduc Maghreb Europe saperait les importations d'énergie de l'Espagne et le laisserait dépendant d'un seul gazoduc, principalement offshore, en proie à des fuites et des dysfonctionnements. Deux jours de gel ont suffi à soulever de sérieuses questions en Espagne sur les alternatives au gaz algérien dont la capacité de pompage est mise en doute. L'Espagne dépend pour environ 60% de son gaz de l'Algérie. Mais en prenant cette décision autodestructrice d'arrêter le gazoduc Maghreb Europe, l'Algérie projette plutôt une image de fournisseur d'énergie instable sur le marché européen où la concurrence est féroce. Depuis 2019, les volumes de consommation de gaz de l'Algérie sont près du double de ses exportations. La même année, l'Algérie a exporté 25,2 tep de gaz et consommé localement 43,6 tep, selon un rapport interne de la Sonatrach cité par des organes de presse indépendants. Le rapport n'a pas été publié et les responsables algériens ferment les yeux sur le scénario inévitable d'une pénurie de gaz algérien pour les exportations. Le ministre algérien de l'Energie, Abdelmedjid Attar, a toutefois prévenu que le pays devra donner la priorité à partir de 2025 à l'approvisionnement du marché gazier local, faisant allusion sans le dire à la disparition des capacités d'exportation de gaz de l'Algérie. Ainsi, à partir de 2025, l'Algérie ne sera plus un grand pays exportateur de gaz. Cela explique en partie la décision contre-intuitive prise par la junte militaire d'Alger de mettre fin au gazoduc Maghreb Europe. En apparence, des responsables algériens ont déclaré que le non-renouvellement de l'accord sur le gazoduc visait à nuire aux intérêts marocains après qu'Alger a unilatéralement rompu ses relations diplomatiques avec son voisin occidental. Mais dans les faits, les responsables algériens sont conscients de l'incapacité de leur pays à répondre à la demande de gaz en Europe. L'Algérie perd également son statut de grand pays exportateur de pétrole à égalité avec la Libye ou les pays du Golfe en raison d'une augmentation de la consommation intérieure. Le pays brûle davantage de combustible dans les centrales électriques locales à mesure que sa population augmente, laissant moins de place aux exportations. Même si les prix du pétrole s'améliorent pour dépasser les 60 dollars, l'Algérie est toujours en crise car elle a besoin de 135 dollars le baril pour équilibrer son budget. Avec 95% des exportations composées de pétrole et de gaz, les finances de l'Algérie seront durement touchées et ses réserves de change sont presque épuisées laissant le pays avec le seul choix de recourir à la dette extérieure qui s'accompagne de conditions en plus de couper les subventions sur lesquelles Alger charnières fragiles de la paix sociale.