L'assurance-crédit, malgré qu'elle ne représente qu'une faible part du marché marocain des assurances, prend de plus en plus de l'élan, boostée par une prise de conscience des entreprises dans un contexte sanitaire et économique difficile. En effet, l'assurance-crédit qui se définit comme une solution pour se prémunir contre le risque d'impayés, joue un rôle économique essentiel, en couvrant les entreprises contre le risque de défaillance des clients auxquels elles accordent des délais de paiement. Une entreprise qui veut protéger son patrimoine doit donc forcément aussi protéger ses créances commerciales. En souscrivant une assurance crédit pour couvrir la défaillance de ses clients, l'entreprise sécurise non seulement son chiffre d'affaires mais aussi sa croissance. Au Maroc, l'assurance-crédit demeure un marché de niche, totalisant un volume de prime d'environ 249 millions de dirhams à fin 2019, en croissance moyenne annuelle de 14,6%. Elle représente 0,6% du marché global de l'assurance au Maroc, selon "la situation liminaire 2019" de la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurances et de Réassurance (FMSAR). Les acteurs principaux du marché marocain sont Coface Maroc, Euler Hermes Acmar et Smaex qui se répartissent environ 99% des parts du marché. "Le marché de l'assurance-crédit se développe très fortement depuis 2008, année de crise économique mondiale qui avait également impacté l'économie marocaine", a souligné Alaa El Moutouaj, expert en assurance-crédit. Dans une interview à la MAP, M. El Moutouaj a noté que la crise sanitaire et économique du Covid-19 aura aussi et sans doute un impact considérable sur le marché de l'assurance-crédit, ajoutant que "c'est dans ce contexte de crise économique que les bénéfices de l'assurance-crédit se sont fait sentir". L'effet Covid-19 booste les souscriptions Au Maroc, les délais de paiement se sont largement détériorés dès le début de la crise sanitaire : 53 jours supplémentaires en moyenne selon la troisième édition du baromètre de la CGEM, a rappelé l'expert, notant que l'allongement des délais de paiement a donc une conséquence immédiate sur le risque d'impayés des créances commerciales. Par conséquent un très grand nombre d'entreprises marocaines a sollicité les services des assureurs crédit pour protéger leurs postes "client", a indiqué M. El Moutouaj, également responsable commercial chez l'assureur-crédit Coface Maroc. A titre d'exemple, pour Coface, les nouvelles souscriptions en valeur ont augmenté de 50% au 1er trimestre 2021 comparativement à la même période en 2020, a-t-il dit. Le Maroc: un marché à fort potentiel Le secteur de l'assurance-crédit se développe au Maroc depuis plus de trois décennies mais l'année 2008 a représenté un point de rupture par rapport aux années précédentes, a fait observer M. El Moutouaj. "A titre d'exemple, entre 2007 et 2008, les souscriptions en assurance-crédit ont bondi de 22% du fait de la crise économique mondiale", a-t-il indiqué, citant les chiffres de la FMSAR. Il a en outre fait savoir que "depuis, le taux de croissance de cette branche évolue à un rythme beaucoup plus rapide que celui des autres branches d'assurances". Pour cet expert, ce marché sous-pénétré pourrait connaître une croissance en volume et en valeur à court-moyen terme, favorisée par la prise de conscience des entreprises sur les bénéfices de l'assurance-crédit dans un contexte de crise et d'incertitude. Faisant observer que le taux de pénétration (total de primes émises par rapport au PIB) de l'assurance-crédit reste bien plus faible que celui du marché des assurances en général au Maroc (3,7% pour l'année 2019 selon l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale – ACAPS), il a toutefois constaté une amélioration continue de ce taux de pénétration grâce à l'amélioration de l'accessibilité de l'information financière. Cette matière première étant le nerf de la guerre de l'assurance-crédit, son exploitation reste à mon sens l'un des principaux défis qui s'imposent aux assureurs crédit pour développer encore plus ce marché en pleine expansion, a conclu M. El Moutouaj.