Le réseau social prisé des partisans de Donald Trump, Parler, était hors service lundi, au lendemain de la décision d'Amazon de lui couper l'accès à ses serveurs, en raison de la persistance des messages d'incitation à la violence après l'assaut du Capitole par des fans du président mercredi. Amazon avait annoncé ce week-end qu'il suspendrait le compte de Parler à partir de 8H00 GMT lundi, expliquant dans une lettre adressée au site conservateur avoir "observé récemment une augmentation persistante de contenus violents". Les géants de la tech Apple et Google avaient auparavant retiré de leurs plateformes de téléchargement d'applications le réseau social où proliféraient, selon eux, "menaces de violences" et "activités illégales". Dimanche, dans une interview à Fox News, le cofondateur du site John Matz a admis que la remise en route du site pourrait prendre du temps. "Tous nos partenaires, ceux qui gèrent les textos, les courriels, nos avocats, nous ont laissé tomber le même jour", a-t-il déploré. "On va faire tout ce qu'on peut pour revenir en ligne le plus rapidement possible mais tous les fournisseurs que nous contactons nous disent qu'ils ne veulent pas travailler avec nous si Apple ou Google n'approuve pas", a-t-il expliqué. Et il est difficile de trouver "300 à 500 serveurs informatiques en 24 heures". M. Matz avait accusé samedi les géants du web de mener une "guerre contre la liberté d'expression". "Ils ne gagneront PAS! Nous sommes le dernier espoir du monde pour la liberté d'expression et la libre information", avait-il déclaré. Au lendemain de la décision prise par Twitter de supprimer de façon permanente le compte de Donald Trump, Parler était encore samedi l'application la plus téléchargée aux Etats-Unis sur la plateforme d'Apple. Lancée en 2018, le réseau social fonctionne un peu comme Twitter, avec des profils à suivre et des "parleys" au lieu de tweets. La liberté d'expression est son leitmotiv. Basé à Henderson, dans le Nevada, Parler a été lancée par John Matze, un ingénieur informatique, et Rebekah Mercer, une importante donatrice du parti républicain. La plateforme attirait surtout à ses débuts des franges ultra-conservatrices, voire d'extrême-droite. Mais elle accueillait aussi récemment des voix républicaines plus traditionnelles. Le présentateur vedette de Fox News Sean Hannity y avait 7,6 millions d'abonnés; son collègue Tucker Carlson en avait 4,4 millions. Y étaient aussi présents des responsables politiques républicains comme le parlementaire Devin Nunes ou la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem. Déjà en plein essor, l'application avait accueilli ces derniers jours de nombreux nouveaux abonnés ulcérés par la décision de Twitter de bannir Donald Trump. D'autres réseaux grand public comme Facebook, Instagram, Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison Blanche. De nombreux fans du président américain se sont rués dans la foulée sur les plateformes conservatrices comme Parler ou Gab. Maintenant que les géants de la tech ont clairement fait savoir qu'ils séviraient contre les sites et applications continuant à relayer des messages extrêmes, les réseaux sociaux conservateurs vont probablement devoir s'ajuster. Le service de vidéos en direct DLive, utilisé par plusieurs manifestants lors de l'invasion du Capitole mercredi, a ainsi banni sept chaînes et retiré plus de 100 vidéos de son site. Certains pourraient choisir de faire comme un autre réseau social en vogue chez les ultra-conservateurs, Gab. La plateforme avait notamment fait polémique en 2018, quand il avait été découvert que l'auteur d'une fusillade qui avait fait 11 morts dans une synagogue de Pittsburgh y avait posté de nombreux messages antisémites. Déjà indésirable chez Apple et Google, Gab a mis en place ses propres serveurs pour ne pas dépendre de sociétés extérieures.