Le secteur agricole, qui constitue aujourd'hui une pièce-maîtresse de la relance économique, a démontré sa résilience durant cette double crise, liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19) ainsi qu'au déficit pluviométrique. Placée au cœur du plan de relance, annoncé par le Roi Mohammed VI vendredi en ouverture de la session parlementaire, l'agriculture a toujours été la priorité des priorités pour le Maroc au regard de sa contribution considérable au produit intérieur brut (PIB). Et cette crise sanitaire a mis en exergue le choix judicieux du Royaume d'accorder cette importance à ce secteur vital pour l'économie nationale, en termes de création de richesses et d'emplois, de diversification des exportations et de réduction de la pauvreté. Dans ce sillage, le Roi a relevé l'importance qui doit être accordée à l'agriculture et au développement rural dans la dynamique de relance économique, appelant à soutenir la résilience de ce secteur clé et d'accélérer la mise en œuvre de tous les projets agricoles. Outre la promotion de l'investissement et de l'emploi, ce dispositif, adossé à la nouvelle stratégie agricole "Génération Green 2020-2030", contribuera à la valorisation de la production agricole nationale et facilitera le processus d'insertion professionnelle en milieu rural, a affirmé le Souverain. Le Roi évoque, à cet égard, la vaste opération de mobilisation d'un million d'hectares des terres agricoles collectives, au profit des investisseurs et ayants-droit pour près de 38 milliards de dirhams (MMDH) sur le moyen terme. Cet effort d'investissement permettra de générer une valeur ajoutée représentant annuellement l'équivalent de deux points supplémentaires de PIB environ et favorisera également d'importantes créations d'emplois au cours des prochaines années, a dit le Souverain. Pour cela, il convient de renforcer la coordination et la collaboration entre les secteurs concernés et de mettre en place un environnement incitatif au profit des jeunes du monde rural, par la création d'entreprises et l'appui à la formation, notamment dans les métiers et les services liés à l'agriculture. Interrogé par la MAP, le vice-Doyen chargé de la Recherche & Coopération à l'Université Hassan II de Casablanca, Salah Koubaa, a relevé que l'agriculture constitue une priorité des priorités et un pilier important de l'économie nationale, avec 20% du PIB et plus de 250.000 emplois créés entre 2008 et 2018. "Le secteur agricole se présente comme amortisseur des chocs en temps de crise", a-t-il noté, mettant l'accent sur le rôle des opérateurs du secteur pour sécuriser l'approvisionnement des marchés sans aucune interruption, même au plus haut de la vague des achats de panique. Et de poursuivre que cette résilience s'explique par la vision royale qui a placé l'agriculture au centre des priorités indépendamment de cette situation de crise, avec le lancement du Plan Maroc Vert (PMV) en 2008 et la stratégie "Génération Green" en 2020 qui donnera la priorité à l'élément humain et au système de protection sociale dans les campagnes. "La mobilisation de 38 MMDH est une autre preuve que le secteur agricole constitue un levier primordial pour la relance économique", a souligné M. Koubaa. Au niveau macro-économique, le PMV a permis la multiplication du PIB agricole et des exportations agricoles, ainsi que l'augmentation du volume des investissements. Ce plan ambitieux a aussi permis, au niveau social, la création de postes d'emploi et l'augmentation des taux de couverture des besoins alimentaires. Pour ce qui est de la durabilité, le PMV a favorisé l'économie des eaux d'irrigation, la consolidation de la résilience de l'agriculture et la baisse de l'agriculture pluviale, outre l'impulsion d'une dynamique d'intégration de la petite et moyenne agriculture, en bénéficiant à 2,7 millions d'agriculteurs. Et pour permettre au secteur de franchir un nouveau palier dans son développement, la nouvelle stratégie agricole "Génération Green" se base sur deux principaux piliers, à savoir la valorisation de l'élément humain, conformément aux Hautes Orientations Royales, et cela à travers l'émergence d'une nouvelle génération de classe moyenne agricole (350.000 à 400.000 ménages), et la naissance d'une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs, via la mobilisation et la valorisation d'un million d'hectares de terres collectives et la création de 350.000 postes d'emploi au profit des jeunes. Le second pilier de cette nouvelle stratégie a trait à la poursuite de la dynamique de développement du secteur, en favorisant le développement humain et social.