Et c'est finalement la logique et la raison qui l'ont emporté au PJD, avec l'élection de Saadeddine Elotmani à la fonction de secrétaire général, remplaçant Abdelilah Benkirane qui dirige le parti depuis 2008. Cette élection fait suite à un processus qui a duré plusieurs mois, depuis l'éviction de Benkirane de la présidence du gouvernement en mars dernier. Saadeddine Elotmani a donc « récupéré » de Benkirane la direction du PJD, que l'ancien chef du gouvernement lui avait ravie en 2008, et il l'a remplacé à la présidence du gouvernement après la longue période de blocage que l'on sait. Les deux hommes n'ont jamais déclaré leur compétition qui s'est étalée sur les 30 dernières années mais les faits sont là. Benkirane aura lutté jusqu'au bout pour empêcher son rival de prendre sa place… Il a d'abord laissé planer le doute et laissé agir les partisans d'un 3ème mandat à la tête du parti, qu'il voulait manifestement et pour lequel le suspense aura duré jusqu'à hier 9 décembre, à l'ouverture du congrès. Il a ensuite – même si c'est non dit – placé ses espoirs de barrer la route à Elotmani sur Driss Drissi el Azami. En effet, ce matin du dimanche, plusieurs barons du parti ont été « adoubés » par les membres des Conseils nationaux sortant et entrant : Mustapha Ramid, Aziz Rabbah, Slimane Elomrani, Abdelaziz el Omary, Abdelaziz Aftati et Jamaâ Moatassim, en plus bien évidemment des deux finalistes Elotmani et Drissi Azami. Tous se sont désistés, à l'exception de l'ancien ministre du Budget et maire de Fès, considéré comme l'un des plus proches de Benkirane. Et au final, le résultat du vote des congressistes a été plutôt serré: 1.006 pour le chef du gouvernement Elotmani et 912 pour Drissi Azami. Saadeddine Elotmani, qui avait déjà occupé la fonction de secrétaire général du parti de 2004 à 2008, retrouve donc son fauteuil et cumulera cette fonction avec celle de chef du gouvernement, respectant la logique et la tradition politique dans le pays.