Samedi 20 août au matin, deux membres éminents (et vice-présidents) du Mouvement Unicité et Réforme (aile de prédication du PJD), Omar Benhammad, prédicateur connu et réputé, et Fatima Nejjar, dirigeante également du Mouvement, ont été arrêtés par la police, dans une voiture, face à la mer, à quelques kilomètres de Mohammedia, dans une « posture douteuse ». Ils sont poursuivis par le parquet pour atteinte aux mœurs, et ils ne sont pas soutenus par leur organisme… C'est bien connu, au Maroc… quand deux personnes de sexe différent se trouvent dans cette situation, la justice peut les poursuivre pour relations intimes hors des liens du mariage. Mais quand ce sont deux responsables islamistes de premier plan, l'affaire prend de l'importance. Et quand ces deux dirigeants se sont faits connaître par leurs prêches enflammés sur les relations hors mariage, et qu'ils se font surprendre en pleine relation « hors mariage », les choses prennent encore plus d'ampleur. Les deux personnes ont donc été présentées au parquet, qui a décidé de les poursuivre en liberté provisoire pour « rapports sexuels hors mariage entre deux adultes consentants ». Les faits parlent d'eux-mêmes… Selon les médias qui ont rapporté l'information, les deux personnes se trouvaient dans une voiture, à l'abri des regards, à 7 heures du matin… Les réactions, aussi, sont éloquentes. Les deux prévenus ont argué qu'ils étaient unis par un mariage « ourfi » (traditionnel, à la simple lecture de la Fatiha), ce que le Mouvement ne reconnaît pas, mais l'explication montre le désarroi de Benhammad et Nejjar (à gauche et à droite de la photo, et au milieu le président du MUR, Abderrahim Chikhi). Le MUR, quant à lui, a publié un communiqué dans lequel il réaffirme son opposition au mariage traditionnel, et dans lequel il décide de suspendre ses deux vice-présidents, tout en louant leur action passée au sein du Mouvement. Un communiqué laconique, qui sonne comme une oraison funèbre de la carrière de Benhammad et Nejjar au sein du Mouvement… Les faits et les réactions condamnent Omar Benhammad et Fatima Nejjar. Est-ce une affaire privée ou publique ? L'affaire est privée car elle implique deux personnes adultes et consentantes dans leur relation. Cela relève de leur vie privée et de leurs libertés individuelles. Mais l'affaire devient publique, pour deux raisons… D'abord, leurs « ébats » se sont produits dans l'espace public, même discrètement, ensuite les deux personnes sont des personnages publics. Et ce qui aggrave leur cas est leur position à l'égard de ce genre de rencontres et de relations, Tant Benhammad que Nejjar se sont illustrés dans le passé par leur prêches enflammés et leurs sermons enfiévrés contre les relations sexuelles hors mariage. En plus de l'adultère… car si, en effet, Fatima Nejjar est veuve depuis un an, cela n'est pas le cas de son partenaire qui, lui, est marié, et père de 6 enfants. Il semblerait que son épouse ait décidé de ne pas l'accabler, retirant sa plainte contre lui, mais le parquet paraît décidé à maintenir ses poursuites. Et, bien évidemment, l'affaire tombe très mal en cette période électorale où les promoteurs de la vertu se sont laissé aller à une activité qu'ils ont eux-mêmes qualifiée de vice, soutenus en cela par leurs pairs au sein du mouvement et même du PJD. Et cette affaire ne fait que commencer, puisque l'audience de leur procès est prévue pour le 1er septembre.