Alors que certains, à l'image de l'Allemagne, s'activent à sortir du nucléaire, d'autres souhaitent y entrer. C'est le cas du Maroc. « Convaincu du rôle important de l'énergie nucléaire pour réduire la dépendance énergétique nationale(…), le Maroc considère l'électronucléaire comme étant une option à considérer dans le mix énergétique national à long terme », avait en effet déclaré le ministre de l'Energie, de l'Eau et de l'Environnement Abdelkader Amara, le lundi 19 octobre lors de la visite officielle de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). Quelques mois plus tard, le royaume veut y croire. Son cadre législatif nucléaire vient d'être jugé conforme aux standards internationaux. C'est ce qu'indiquent les experts de l'AIEA dans un rapport rendu ce lundi 29 février à Rabat. Ce document fait suite à la mission effectuée au Maroc en octobre dernier par une délégation d'experts de l'AIEA. Le but : évaluer les capacités nucléaires du Maroc nécessaires à l'élaboration d'un programme électronucléaire. En partenariat avec les membres du Comité de réflexion sur l'électronucléaire et le dessalement de l'eau de mer (CRED), une dizaine d'experts de l'AIEA ont travaillé sur cette mission. Les aspects techniques, règlementaires et sécuritaires ainsi que ceux liés à la gestion des déchets radioactifs, des ressources humaines et de la communication ont également été abordés lors de cette mission. A compter de 2030, le Maroc envisage de produire de l'électricité nucléaire et tente pour cela de structurer progressivement sa filière. Le 3 septembre dernier, le gouvernement publiait un décret actant la création de la première Agence marocaine de sûreté et de sécurité dont le but est de préparer et d'accueillir la mission de prospection de l'AIEA. Objectif atteint. Au terme de cette mission, l'équipe a salué les décisions prises par le royaume dans le domaine du nucléaire. « Le Maroc dispose d'une expérience et de compétences qui lui permettrait de lancer son programme électronucléaire », a déclaré le directeur de la direction énergie nucléaire de l'AIEA. Pour autant, selon l'instance onusienne, les conditions nécessaires au développement d'une infrastructure nucléaire ne sont pas encore réunies. L'agence a ainsi émis plusieurs recommandations pour le royaume. Elle préconise que le gouvernement s'engage davantage à travers l'examen des travaux des membres du Comité de réflexion sur l'électronucléaire. Elle conseille aussi de développer le cadre réglementaire. Enfin l'agence recommande de préparer les entités nationales clés à la mise en œuvre d'un programme nucléaire. Outre ces recommandations, le Maroc doit se confronter à la réalité économique. Il s'agit d'une technologie qui nécessite de lourds investissements. La construction d'un seul réacteur coûte environ deux milliards d'euros pour une puissance de 1.000 mégawatts électriques (MW). Un réacteur fournit l'électricité pour un million d'habitants. A l'heure actuelle, le Maroc possède un seul réacteur nucléaire de 2MW, situé dans le centre de la Maâmora. Ouvert en 2003 et fonctionnant depuis 2009, le centre est pour l'instant dédié à la recherche. La première centrale nucléaire au Maroc n'est pas encore née…